Sofiane Bennacer et Valeria Bruni-Tedeschi
ABACA

La réalisatrice des Amandiers défend son acteur, accusés de viols.

Mardi, on apprenait via un article du Parisien que l’acteur Sofiane Bennacer était mis en examen pour viols et violence sur conjoint. Le lendemain, l’Académie des César annonçait qu’il était en conséquence retiré de la liste des révélations. Suite à la publication d’un nouvel article accablant dans Libération, ce vendredi, qui fait sa Une sur le comédien de 25 ans, la réalisatrice des Amandiers, Valeria Bruni-Tedeschi, prend sa défense dans un communiqué transmis à l’AFP :  

"Aujourd'hui, c'est la journée contre les violences faites aux femmes. Je veux dire avant toute chose que j'ai un immense respect pour la libération de la parole des femmes et un attachement très profond au fait qu'elles puissent être entendues.

J'ai moi-même été abusée dans mon enfance et je connais la douleur de ne pas avoir été prise au sérieux. J'ai des enfants et il m'importe plus que tout qu'ils vivent dans une société qui les entende et les protège.

Cela ne m'empêche pas d'être stupéfaite, à la lecture du journal Libération de ce jour, de voir le traitement qui est réservé à un jeune homme qui fait l'objet d'une enquête pénale en cours, sans aucun respect pour les gens qui y travaillent et pour la présomption d'innocence.

J'ai été impressionnée artistiquement par Sofiane Bennacer dès la première seconde du casting de mon film et j'ai voulu qu'il en soit l'acteur principal malgré des rumeurs dont j'avais connaissance.

Mes producteurs ont exprimé des craintes et des réticences, mais je leur ai indiqué que ces rumeurs ne m'arrêtaient pas et que je ne pouvais pas envisager de faire le film sans lui. Ils m'ont fait confiance, dans le respect qu'ils cultivent des choix artistiques de leurs réalisateurs et réalisatrices. Je les en remercie, et je prends pleinement la responsabilité de mon choix.

Plus tard, nous avons eu connaissance du fait qu'une plainte avait été déposée. Le tournage ayant commencé, il était juridiquement inenvisageable pour eux de changer d'acteur. Pour ma part, j'avais depuis quelques mois appris à connaître Sofiane Bennacer dans le travail et notamment pendant la longue période de répétitions, et à être tout à fait confiante sur ses qualités humaines : lorsque l'on filme quelqu'un, on « voit » qui on a en face de soi.

Je suis ce matin indignée qu'un journal comme Libération puisse piétiner à ce point la présomption d'innocence, donner honteusement en spectacle cette affaire et mettre en première page la photo d'un jeune homme avec du sang sur la main.

A ce jour tout le monde sait qu'il n'a pas été jugé, et un tel procédé relève, selon moi, d'un pur lynchage médiatique, procédé très éloigné d'une volonté d'informer de façon objective impartiale. J'ajoute que des dizaines et des dizaines de personnes se sont investies avec passion et acharnement sur le film, et que ce procédé est profondément irrespectueux de tout leur merveilleux travail."