Les spectateurs ont privilégié Filles de joie, L'Ombre de Staline et Eternal Sunshine of the Spotless Mind lors de la réouverture d'un des cinémas les plus fréquentés du monde. On y était.
Rien n'a changé. Quand on arrive devant le hall d'entrée souterrain de l'UGC Ciné-Cité Les Halles à Paris, quelques minutes avant 9 heures, lundi 22 juin, après avoir traversé un Forum toujours très dépeuplé, les petits groupes de spectateurs (masqués) prennent leurs places comme d'habitude. Un peu de monde, pas de stress, pas de panique, mais un net sentiment d'excitation face à la réouverture du cinéma, ouvert le 21 juin 1995 et devenu l'un des plus fréquentés de la planète -le multiplexe vient donc de fêter son quart de siècle et rien n'a changé. Pas d'angoisse, ça non : "ça me manquait beaucoup trop, d'aller au cinéma", confie un habitué, détenteur de la carte UGC Illmité, qui affirme se rendre entre deux et trois fois par semaine au cinéma. Ce matin, il est allé voir le film allemand Benni de Nora Fingscheidt. "Je suis super confiant à l'idée de revenir dans une salle. Et s'il faut porter le masque pendant toute la séance, bon, ben, tant pis..." Ceci dit, l'UGC n'impose pas le port du masque dans la salle : toutefois, le cinéma impose un maximum de 50% de places vendues à chaque séance, en attendant le décret du Ministère de la culture.
Réouverture des cinémas : quels films dans les salles à partir du 22 juin ?Marquage au sol, personnel masqué, gel à disposition : en fait, on ne ressent aucune surprise face à ces mesures qui sont identiques à celles prises dans les commerces et qui sont vite rentrées dans nos mœurs. Revenir au cinéma, pourtant un lieu clos plein d'étrangers, semble paradoxalement plus facile après plus d'un mois de déconfinement, où l'on a réappris à vivre masqué. En tous cas, les distributeurs des films présents lors de la réouverture du cinéma ont le moral au beau fixe. Présents au "9 heures des halles" comme d'habitude (normalement, ça se passe le mercredi, jour de la sortie des nouveaux films), ils attendent les chiffres des premières séances : un bon baromètre de la semaine à venir, en temps normal. Et c'est Filles de joie avec Noémie Lvovsky, Sara Forestier et Annabelle Lengronne qui est en tête, avec 47 billets vendus, suivi de L'Ombre de Staline (45 places)... et de Eternal Sunshine of the Spotless Mind, succès surprise de cette matinée, qui a écoulé 42 tickets pour sa première séance de la matinée. "Il y a aussi une envie de voir des films de répertoire", commente Patrice Lemarchand, directeur du cinéma. "Au global, on est à 421 places vendues, ce qui serait un bon jour en temps normal", conclue-t-il sous les applaudissements. Benni (30 places) et La Bonne épouse (31 places) avec Juliette Binoche font aussi partie des vainqueurs de la matinée.
L’ombre de Staline, Le Capital au XXIème siècle, Nous les chiens : les films au cinéma cette semaine
Un bon jour, donc. Comme les autres ? Dans les salles, le public est là, sagement, comme d'habitude. "C'est plus festif, il y a quelque chose... C'est une ambiance de retrouailles. Les spectateurs du mercredi matin, on les connaît, ce sont des habitués, et on les a revus ce matin", sourit Patrice Lemarchand, qui ne dissimule pas sa joie face aux bons chiffres de la matinée. Le public est bien au rendez-vous. Pour voir des films, quel que soit leur âge. Eternal Sunshine of the Spotless Mind, sorti en 2004, réalisé par Michel Gondry, avec Jim Carrey et Kate Winslet, représente plus de 200 places sur le millier de réservations déjà effectuées en ligne pour la journée du 22 juin aux Halles. Le film, distribué par Universal, est projeté aujourd'hui : demain, 23 juin, ce sera Mulholland Drive de David Lynch et Usual Suspects ("premier film complet de la salle 10 du cinéma à son ouverture en 1995", précise Patrice) de Bryan Singer. Et la semaine prochaine,ce sera Sur la route de Madison ("premier film complet en salle 1 !") de Clint Eastwood. Bref, que des bonnes nouvelles ? Rien n'a changé ? Pas vraiment, puisque comme la météo prévoit du soleil en France dans les jours qui viennent, ça risque d'attirer les spectateurs hors des salles de cinéma. Comme le rappelle Patrice Lemarchand, dans le monde du cinéma, "le pire ennemi reste le beau temps".
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