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Le metteur en scène retranscrit quasi physiologiquement l'angoisse de l'héroïne, s'attache à la gesticulation des services secrets embarqués dans une course-poursuite dramatique et rend compte du gigantesque bordel régnant sur les lieux. Moins à l'aise dans l'artifice que dans l'urgence et le réalisme cru, Winterbottom signe un film de genre efficace et malin qui évite les pièges de la sensiblerie mais respecte à sa façon les canons dramaturgiques. Grand perdant: le contexte politique, sacrifié sur l'autel de l'identificiation à des personnages évidemment émouvants.
Toutes les critiques de Un Coeur Invaincu
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
- Téléramapar Blottière Mathilde
Cette fois encore, il incarne plus qu’il ne reconstitue la réalité. La force du film réside principalement dans cet exercice d’équilibriste : rester sur le fil d’un troublant réalisme sans jamais tomber dans un naturalisme douteux. (...) Plusieurs fois, on croit le dénouement tout proche, mais l’attente se poursuit, de demande de rançon en faux espoirs. Incontestablement efficace, cette tension dramatique nous laisse parfois mal à l’aise, nous qui connaissons trop bien la fin de l’histoire… Pourtant, une fois le martyre de Daniel révélé, le film évite tout sensationnalisme, préférant rendre hommage à la dignité de Mariane Pearl, au « cœur invaincu » par la haine.
- Fluctuat
Partant du témoignage écrit de Marianne Pearl, femme d'un journaliste enlevé au Pakistan, Michael Winterbottom parvient à raconter dans Un coeur invaincu son histoire sans la trahir, tout en posant un vrai regard sur le contexte des événements. Du drame et de l'info, dans un mélange plus frappant que n'importe quelle fiction.
- Exprimez-vous sur le forum Un coeur invaincuEn janvier 2002, le journaliste Daniel Pearl, chef du bureau Asie du Sud pour le Wall Street Journal, est enlevé au Pakistan. Sa femme Marianne, journaliste elle aussi, est alors enceinte de leur premier enfant. Entourée d'agents, amis, informateurs, politiques, journalistes, elle va tout tenter pour retrouver son mari. Mais c'est un peu comme chercher une aiguille dans une botte de foin. Et pour ne rien arranger, le climat n'est pas à l'apaisement, l'ombre du 11 septembre planant sombrement sur l'affaire. Au fil de sa quête, enjeux politiques, menace terroriste, métier d'information, fossé culturel et drame personnel vont s'entremêler étroitement Une caméra ouverte sur l'extérieurLa puissance d'une histoire vraie, qui dépasse de loin la fiction Voilà un atout indéniable du film de Michael Winterbottom. Tous les ingrédients d'un bon scénario sont réunis ici : une dimension intime et tragique, ligotée à des problématiques qui la dépassent, des rebondissements multiples, un suspens permanent, des enjeux forts. Face à ce beau potentiel, la finesse du réalisateur est d'avoir adopté un traitement qui n'en fait jamais trop, colle aux faits, évite globalement le pathos, et pose un regard ouvert sur le monde. Sa caméra ne se contente pas de suivre l'enquête, elle attrape au passage des scènes simples de la vie quotidienne, multiplie les plans en extérieur afin de capter l'atmosphère du pays. Tourné à l'épaule et sans fioritures, souvent proche du reportage, Un coeur invaincu aurait d'ailleurs aisément pu tomber dans le cliché ou la posture. Ça n'arrive jamais. Toujours en prise avec une réalité concrète, le film parvient à composer un contexte crédible à l'intrigue principale. Aussi important que les personnages, l'environnement dans lequel ils évoluent occupe largement l'écran sans fleurer une seconde le carton pâte.A la bonne distanceLa recette magique ? Pas de délestage au nom de l'efficacité cinématographique, ou pour flatter un public paresseux dans le sens du poil. Ici, le cinéma refuse de manipuler les faits, ne mâche pas le travail, et trouve sa consistance dans les détails qu'on n'écrème pas. Ce souci d'authenticité, incompatible avec le chemin droit au but qu'aiment emprunter de nombreuses productions, pose le film de Winterbottom au juste point d'équilibre entre la liberté du 7ème Art et la rigueur du documentaire. Alternant en un patchwork fluide, les séquences se succèdent sans toujours se répondre directement, se plient au rythme tranquille des dates qui défilent, et dévoilent peu à peu, par touches impressionnistes, le puzzle complet des événements.
Au centre, le personnage de Marianne Pearl fait office de pivot, sans monopoliser l'attention. Jamais monolithique, le film joue là aussi autant que possible la distance neutre et l'observation. Logique, quand on s'intéresse à un couple de journalistes, au pouvoir des médias, aux enjeux de l'information. Autour d'une Angelina Jolie parfaitement dans son rôle, une brochette de comédiens sans fard (dont de nombreux non professionnels recrutés lors du tournage) déploient ainsi un jeu très naturel, élément indispensable pour la réussite d'un tel positionnement.Tourné en Inde, en France et surtout au Pakistan, Un coeur invaincu est un film voyage mais pas que, un drame mais pas seulement. Bien pesé, informatif, jamais ennuyeux, il refuse de lisser la réalité et en parle d'autant mieux. Ah oui, et la cerise, c'est qu'il n'est pas parfait. Vive les aspérités !Un coeur invaincu
De Michael Winterbottom
Avec Angelina Jolie, Archie Panjabi, Will Paton
Sortie en salles le 19 septembre
Illus. © Paramount Pictures France
- Exprimez-vous sur le forum Un coeur invaincu
- Lire les fils adaptation, guerre sur le blog cinémaEllepar Françoise DelbecqCe docudrama a l'essence d'un thriller: traque de ravisseurs potentiels, décortiquage d'e-mails et des appels émis des téléphones portables, toutes les pistes sont passées au peigne fin dans un rythme d'enfer à l'égal de la tension, de l'obstination et de l'angoisse qui saisissent Marianne Pearl interprétée par une Angelina Jolie au sommet de son art. Ne surjouant jamais, elle est tout en retenue, espérant jusqu'au dernier moment la libération de son mari. Le film évite avec justesse le piège du sensationnel. On est conquis.
Pas de pathos ou de scènes déplacées (comme les images du meurtre de Daniel Pearl) dans ce film, mais un simple et vibrant hommage rendu à la tragédie traversée par Mariane Pearl. Michael Winterbottom filme sobrement cette leçon de courage et d’amour en évitant tous les pièges du genre. Sans jamais prendre parti, Un Cœur Invaincu souligne avant tout la force de caractère, l’intelligence et la passion d’une femme pleine d’espoir (Angelina Jolie dans l’une des ses plus belles prestations). Emouvant et effrayant à la fois, ce film à la particularité de rendre le terrorisme plus réel que jamais. Et même si nous connaissons tous l’issue dramatique de cette histoire, pendant deux heures, on espère comme Mariane que le téléphone sonnera et que la voix de Daniel se fera entendre à l’autre bout du fil.
Le Mondepar Thomas SotinelEt comme le scénario de John Orloff ne fuit pas les questions embarrassantes (sur les liens entre l'appareil de sécurité pakistanais et certains groupes extrémistes, sur les priorités du gouvernement américain et sur les responsabilités des journalistes dans les zones de conflit), Un coeur invaincu passionne tout du long. Ce n'est pas une question de suspense, tout le monde connaît l'issue écoeurante de l'enlèvement de Daniel Pearl. Winterbottom produit plutôt une tension intellectuelle, qui maintient en permanence l'intérêt en éveil.
Le Mondepar Jacques MandelbaumL'Anglais Michael Winterbottom se fait un devoir de transformer l'actualité la plus brûlante en films de fiction solidement documentés et tournés avec l'énergie d'un reportage sur le vif. (...) Cette traque policière, plutôt efficace, n'est hélas pas à la hauteur des enjeux, infiniment plus profonds, de cette monstrueuse histoire.
Le JDDpar Barbara ThéateTransfigurée, Angelina Jolie met toute sa rage et son désespoir à incarner Marianne Pearl, son amie journaliste qui a vécu au Pakistan, en 2002, l'enlèvement et l'assassinat, par des terroristes liés à Al-Qaida, de son mari, le reporter américian Daniel Pearl. Adapté du roman de cette veuve et produit par Brad Pitt, Un coeur invaincu retrace le cauchemar que furent ces longues semaines d'attente entre angoisse et espoir, les tatonnements de l'enquête menée par la police pakistanaise. Sur un mode documentaire pourtant trop clinique, qui enlève beaucoup d'humanité à cette histoire.