-
La nouveauté consiste, ici, à repeindre aux couleurs d'aujourd'hui une intrigue qui mêle superpouvoirs, complications amoureuses à la Roméo et Juliette et rébellion contre le pouvoir central. Grâce aux images de synthèse, les pouvoirs des ninjas sont efficacement exploités là où,auparavant, on ne pouvait les concevoir qu'en animation. D'autres artifices qui relèvent de la dramaturgie classique, étendent le pouvoir d'attraction de cette aventure exotique au-delà du seul cercle des spécialistes.
Toutes les critiques de Shinobi
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
- Téléramapar Stéphane Jarno
Chorégraphies spectaculaires, manips en 3D, maquillages impressionnants inspirés par le manga dont il est tiré : ce blockbuster japonais n’a pas lésiné sur les moyens. Même s’il n’a pas la maestria de ses modèles chinois (Tigre et Dragon, Le Secret des poignards volants, etc.), ce mélange de violence stylisée et de scènes bucoliques – la majeure partie du tournage s’est déroulée en extérieur – se regarde avec plaisir.
- Le JDDpar Stéphanie Belpêche
S'il restitue les codes du manga avec application (chorégraphies sophistiquées, personnages quasi mythologiques), ce blockbuster (12,5 millions de dollars de budget) a connu une carrière internationale grâce à l'hommage revendiqué à Roméo et Juliette. De Kagero, dont le corps sécrète un poison fatal, à Mino Nenki, aux mains dotées de griffes acérées, il devra n'en rester qu'un. Basique, mais efficace.
- Fluctuat
Et si Shinobi, nouvel avatar d'un cinéma japonais polymorphe en décrépitude, était un peu plus que l'énième production insipide d'une industrie à la santé insolente ? Et si derrière ses histoires de super ninjas et sa romance gnangnan, Shinobi était le représentant d'un cinéma adolescent en symbiose avec son public ? Non, c'est mal ? Et pourquoi pas.
- Exprimez-vous sur le forum ShinobiEt si la force étrange et paradoxale du cinéma japonais contemporain tenait aussi à son déclin ? Depuis la France, « centre du monde cinéphilique », on peine encore à prendre pleinement conscience que cette déchéance peut créer quelque chose de singulier. Les derniers grands auteurs de la nouvelle vague ayant presque tous disparus (yokio mishima, Suzuki, shohei imamura), leurs successeurs des années 90/00 ayant été oubliés peu à peu (Iwai, Harada, Toyoda, Aoyama), il serait facile de dire qu'aujourd'hui le cinéma japonais ne compte plus qu'une poignée d'auteurs, qu'ils soient du côté de l'animation ou pas. Des auteurs qui survivent dans une industrie à la santé pourtant insolente, où sont produits à tour de bras des films que nous ne verrons jamais, au pire en DVD ou au marché du film cannois. Si l'on écoute ainsi nos amis spécialistes ou érudits du cinéma japonais, la richesse de cette production locale n'est que le cache misère d'une créativité au plus bas, complètement minée par des diktats télévisuels. Ce qui est à la fois vrai, et faux.Le cinéma japonais est en effet actuellement contaminé par des exigences financières peu enclines à laisser s'exprimer des cinéastes aux sujets ou styles moins consensuels, même s'il en reste quelques-uns (Ishii, Kon, akira kurosawa, Oguri, Tsukamoto, Koreeda, Kawase et d'autres moins connus ici). Entre une énième adaptation d'un mauvais drama télé ou un film patriotique (Yamato) cherchant à talonner le cinéma coréen (populaire en Asie), la loi du nombre règne en maître sur une production de plus en plus formatée, commerciale, comme c'est déjà le cas pour la musique. Au Japon, seules la productivité et la rentabilité ont le dernier mot. C'est la loi du plus fort et ceux qui s'en démarquent se font rares. Il faut pourtant oser faire un pari, sans esprit de contradiction, sur ces quelques films issus de cette production et dont nous ramassons les miettes. Osons voir les Casshern, Devilman, Azumi ou aujourd'hui Shinobi en dépassant leur médiocrité trop vite attribuée. N'hésitons pas à prendre la situation à l'envers en essayant non pas de défendre les petits contre les grands (l'auteur contre l'industrie), mais en se demandant ce que produisent ces derniers.Shinobi, comme ses cousins tel Azumi, fait partie d'un genre un peu à part de la production. Celui du film en costume plus inspiré par le manga ou le jeu vidéo que le traditionnel Jidai-Geki (film historique). L'esprit y est libre quoique folklorique en convoquant de multiples figures historiques resituées dans un contexte à la temporalité réelle. C'est la rencontre classique entre l'imaginaire et l'Histoire. Dans Shinobi ce seront les ninjas, plutôt une sorte de Roméo et Juliette chez les ninjas accompagnés des X Men. En bref, une assez quelconque histoire de clans voués à s'entretuer pour laisser au Shogun son pouvoir, avec en toile de fond une tragique love story entre deux amants respectivement chefs des deux bandes de super ninjas. Comme le reste de la production du genre, le film est blindé d'effets spéciaux assumant les invraisemblables prouesses des héros. En descendance directe de Stormriders, Legend of Zu ou Hero, Shinobi multiplie donc les morceaux de bravoure technique, plutôt tendance cheap, sans réelle audace visuelle. Une récurrence de la production locale, question de mesure.Bourré de personnages au look improbable (la palme à l'étron métamorphique et au gothique avec ses manches à rallonge très teenager complexé), le film renvoie explicitement au jeu vidéo (et aux mangas dont il s'inspire). Tout n'étant ici que prétexte à développer une série de combats où les pouvoirs de chacun sont mis en scène. L'allure et le geste priment. Shinobi a donc tout d'un produit calibré pour un public sûr de ses attentes, ses références, ses univers de prédilection. Le film croit en lui avec un sérieux imperturbable, certain de sa profondeur dramatique, de sa poésie de midinette, du destin tragique de ses héros. On peut vite décrocher devant autant de niaiserie et d'effets visuels grotesques s'ils ne sont pas déjà vus mille fois. Pourtant, comme Azumi de Kitamura, on peut inverser cette médiocrité, voir en elle un réel cinéma adolescent. Son fantasme réalisé, des films à son diapason. Pour Shinobi, inutile de faire dans la subtilité, toutes les bêtises romantiques et fleur bleue valent la prétendue profondeur d'un cinéma dit adulte. Chez ten shimoyama comme pour Kitamura, le bordel post-moderne du cinéma ne peut prendre sens que lorsqu'à force de tout piquer on rend le film si quelconque qu'il devient singulier.Subsiste alors un plaisir simple de donner le change, de prendre le post-cinéma pour ce qu'il est, sans prétendre se mesurer réellement aux autres. Une manière de dire « pourquoi pas », de répéter que l'infographie même sans ambitions peut créer autant d'intensité qu'un geste dans un film de Bresson. Face à l'épuisement ou à la puissance d'un cinéma qui sur son terrain fait mieux que lui, Shinobi cherche seulement à faire un autre tour de piste à son imaginaire stéréotypé. Soit du cinéma de série où même si rien ne colle ça n'a pas d'importance, car le simple fait que des princesses au coeur pur puisse encore exister lui suffit. Film naïf, adolescent en ce qu'il ne prend jamais de recul et embrasse ses thèmes avec candeur, Shinobi est à la fois pas grand-chose et contemporain. Il parle mieux que personne à ceux qu'il cible sans pourtant prétendre être leur voix. Il est l'illustration de leur fantasme planqué dans un produit d'usine, et c'est déjà pas si mal. Moins parce que comme toute chose au Japon on rationalise son audimat, que parce que cette logique commerciale permet de satisfaire tous les désirs et ainsi d'en entraîner de nouveaux. Et le cinéma dans tout ça ? Il n'a jamais existé, il n'y a que des films. Shinobi
De Ten Shimoyama
Avec Yukie Kamaya, Lily, Kippei Shiina
Sortie en salles le 16 mai 2007Illus. © Eurozoom
- Exprimez-vous sur le forum Shinobi
- Lire le fil japon sur le blog cinémaParis Matchpar Alain SpiraSi, du côté de l'intrigue, il n' y a vraiment rien de nouveau sous le soleil levant, ce film de sabre surprend par les pouvoirs extraordinaires développés par les protagonistes, des sortes de X-Men du XVIIe siècle. Dommage que les effets spéciaux soient, eux aussi, de la même époque! (...) Quant à l'histoire d'amour façon Roméo et Juliette chez les ninjas, elle pâtit de scènes trop kitsch pour émouvoir.