Après la polémique, après le buzz, le film. Dans Salam Mélanie Diam’s raconte sa dépression, sa conversion à l’Islam et sa renaissance, face caméra. Dans cette interminable interview-confession qui vire au plaidoyer pro domo, l’ancienne rappeuse accompagnée de quelques proches revient sur tout : ses suicides ratés, le succès qui fait vriller, les cachetons, l’internement, la découverte de la religion et ses nouvelles activités… Le résultat est parfois touchant, parfois même émouvant – notamment quand affleure la Diam’s qui faisait vibrer les foules. Car elle a beau avoir mis un voile sur son ancienne vie, au détour d’une phrase, on retrouve son énergie rimeuse et cogneuse, sa tchatche et son goût du fight. Mais une fois le récit de sa conversion entamée, à mi-parcours, c’est autre chose : les bons sentiments dégoulinent, les punchlines dignes d’un bouquin de développement personnel sont surlignés à l’écran par des images d’oiseaux qui s’envolent ou de soleil couchant sur la mer. Et l’illustration sonore est à l’avenant avec ces chœurs ronflants et envahissants. On peut y voir la volonté naturelle de faire la paix avec soi-même et avec les autres ; le besoin naturel du survivant de témoigner. Mais, présentée dans sa vie d’avant comme une redoutable businesswoman, impossible de ne pas penser que ce documentaire, qu’elle contrôle de A à Z, fait partie d’une stratégie marketing pour évoquer son association et un moyen de développer un argumentaire idéologique qu’on devrait pouvoir légitimement questionner… En l’occurrence, on se contente de regarder des dauphins qui sautent dans l’écume ou des zèbres qui gambadent dans la savane.