Première
par Frédéric Foubert
Votre pilote de F1, vous le préférez comment ? Sexy et flamboyant comme le Britannique James Hunt ou machiavélique et cérébral comme l’Autrichien Niki Lauda ? Mais au fait, pourquoi choisir ? La grande idée de Rush, récit de l’affrontement entre les deux champions au cours de la saison 1976, c’est justement de ne pas trancher. De se poser comme une étude de caractère « deux en un » où l’on tremblerait alternativement pour l’un (Chris Hemsworth, terrassant de charisme et de coolitude) puis pour l’autre (Daniel Brühl, dans le meilleur rôle de sa carrière). Au-delà de la volonté évidente de s’affranchir des conventions du fi lm de sport (un champion, un destin), le scénariste Peter Morgan trouve dans ce traitement « démocratique » matière à un récit ultradynamique, en perpétuel mouvement. L’auteur de The Queen a également le bon goût d’éviter les écueils de la dissertation historique et du fétichisme vintage. Il y a certes ici, en filigrane, une réflexion sur l’incroyable ère de permissivité que furent les 70s, mais l’essentiel se joue ailleurs. Au ras du bitume. Dans les décharges d’adrénaline et dans l’inexorable crescendo qui rythment les grandes saisons de F1, le tout magnifiquement rendu par un Ron Howard en surrégime. De la part d’un réalisateur abonné ces derniers temps aux croûtes mollassonnes (Anges & Démons, Le Dilemme), ça pourrait paraître surprenant, mais ce serait oublier que l’homme a commencé sa carrière en tournant une série B intitulée… Lâchez les bolides. Plus de trente-cinq ans après, le bain de jouvence de ce bon vieux Ronnie prend les allures d’un ride surexcitant.