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Tourné dans un beau noir et blanc granuleux, le film raconte l’histoire d’une famille qu’un accident disloque. Le silence du titre est bel et bien là. Quant au rêve... Serait-ce celui du spectateur, dont l’esprit vagabonde ? Jaime Rosales (La soledad) aime laisser sa caméra tourner et ainsi saisir l’indicible. Il y parvient parfois, comme dans ce long planséquence au cimetière avec bruit de monte-charge et hébétude des témoins endeuillés. Mais, la plupart du temps, il semble faire son film pour lui seul, en un geste artistique brillant qui peut cependant laisser de marbre.
Toutes les critiques de Rêve et Silence
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Pour Rosales, une fiction est plus que jamais la somme de différentes expériences artistiques. Il le prouve avec ce film taillé dans le granit, où son geste de ciseleur s'ajuste au mystère d'un rêve de pierre.
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Prétendant chercher dans le drame humain les accents du réel, Rosales ne retient guère plus (des intonations des acteurs, de leurs placements erratiques, du noir et blanc qui dépouille) qu'une déclaration de chaque instant, comme un slogan : que ce qu'on voit à l'écran est bien proche du réel.
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Un couple tente de survivre, après la mort accidentelle d'une de ses filles. Un film superbe, pudique, intense et dépouillé, sur le travail du deuil.
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On pourrait enfin insister sur la finesse psychologique à l’œuvre, notamment lorsque, à la suite de l’accident, l’incompréhension s’installe entre les deux époux. Mais, à notre sens, c’est un épiphénomène du principe global de banalité de ce drame sans mélo, grâce auquel Rosales apporte une nouvelle pierre à son fascinant édifice hyperréaliste.
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L'émotion, que le jeu des acteurs parvient à rendre palpable, balaie la rigueur d'un dispositif cinématographique par moments difficile à appréhender. Un beau film.
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Jusqu’où peut travailler la douleur et ronger l’individu qui la porte ? Jaime Rosales aborde la question par la crête, dans un film âpre et lent qui se perd parfois dans la contemplation formelle...
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Rêve et Silence, tourné en lumière naturelle et sur pellicule à effet granuleux, interprété et improvisé par des non-professionnels, dégage une immédiateté de bon aloi.
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Ce Rêve et silencefilmé dans un beau noir et blanc est d'une plasticité exemplaire car sans affèterie. Dommage cependant que Rosales se perde bien souvent dans sa radicalité. À trop vouloir atteindre des points de sidération émotionnelle (la séquence de l'enterrement), sa mise en scène donne par endroit de sérieux signes de flottement.
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Rêves et Silence, Rosales prend un soin extrême à n’effleurer que la périphérie de son récit afin de mieux en saisir le cœur, la substance profonde et insaisissable faite de douleurs et d’incompréhension.
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Par de longs plans fixes, le réalisateur se concentre sur les contre-temps de cette histoire, sur les moments un peu creux, les dialogues anodins. Les acteurs sont épatants de naturel, mais, à trop vouloir fuir la dramaturgie, le film génère parfois plus d'ennui que d'empathie.
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Le film perd en force ce qu'il gagne en maîtrise formelle, en déplaçant sur le récit – pénible sentiment de devoir recoller les morceaux – des enjeux avant tout figuratifs (visages comme prélevés sur le réel, suggestion). Quelque chose de trop systématique, d'affecté même, l'empêche de libérer sa charge émotionnelle.
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Attention, titre trompeur : ne pas espérer de ce kouglof expérimental poseur et anémié la moindre trace d’onirisme et de volupté. (...) clichés de mauvais film d’auteur : image noir et blanc, le sempiternel alibi de l’accident de voiture comme point de départ tragique, anthropologie de bazar. Pas de doute, on tient là l’un des films les plus antipathiques et les plus grotesques de l’année.