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La caméra de Jaime Rosales investit les espaces comme un monstre froid, à l’aide de mouvements lents. Elle fait mine de s’intéresser aux êtres qui se déchirent dans le cadre, puis s’en va avant de revenir. Pour mieux enrober sa petite affaire, Rosales ponctue chaque bloc de film par des chapitres aux titres pompeux. Voici l’itinéraire de Petra, une jeune artiste qui se rend à la campagne chez Jaume, vieux sculpteur à succès et méchant homme. Sa femme est fanée d’ennui, son fils est trop brimé pour s’exprimer et la pauvre bonne ne va pas tarder à se faire sauter le caisson pour lui avoir offert ses charmes moyennant service. C’est glauque et ce n’est qu’un début. À chaque drame, le cinéaste espagnol, d’une misanthropie à faire passer Haneke pour un sentimental, cherche un tic de mise en scène (split screen, téléobjectif...) pour raconter ses histoires torturées. Beau, peut-être. Con, assurément.