Première
par Sylvestre Picard
Impressionnant jusqu'à la folie, le sixième Mission : Impossible reprend les meilleurs éléments des épisodes précédents.
Fallout, ça veut dire quoi ? Ce n'est pas seulement le titre d'une saga de jeux vidéo post-apocalyptiques à succès : fallout, c'est la retombée d'une explosion d'une bombe nucléaire (le sixième Mission : Impossible sera sans surprise une course au plutonium clandestin contre une menace atomique), mais dans le cadre du film il s'agit surtout des conséquences/retombées des actes du super-espion Ethan Hunt et de son équipe dans les épisodes précédents. Car en faisant rempiler le même réalisateur (Christopher McQuarrie, donc) que pour Rogue Nation -une première dans une saga dont le cahier des charges était jusqu'à présent "un film différent, un réal différent"- jamais Mission : Impossible n'aura autant affirmé son statut de série que dans Fallout. Et Fallout peut se voir comme la retombée de toute la saga -à la fois sa conséquence et son apogée.
Car il y a tout dans Fallout. L'action à l'os de Rogue Nation, les gigantesques pirouettes en IMAX de Protocole fantôme, le feuilleton mélo parfum J.J. Abrams de Mission : Impossible III, les arts martiaux et la séduction hitchcockienne de Mission : Impossible 2, et enfin le vertige méta de Mission : Impossible premier du nom. La séquence d'ouverture de Fallout, anti-spectaculaire et manipulatrice au possible, est clairement un hommage à l'ouverture du tout premier film, et au sous-texte du De Palma : mettre en scène le spectacle et les conditions de la vision de ce spectacle. Toute la saga Mission : Impossible se retrouve ainsi concentrée dans un seul film, pour le meilleur et pour le pire (le film souffre un peu de sa durée de 2h27, et aurait bien mérité quelques bons coups de rabot au montage).
Voilà pour la théorie : mais McQuarrie, qui semble avoir eu carte blanche pour mettre en scène Fallout, sait aussi qu'un blockbuster comme Mission : Impossible ne peut se satisfaire d'être purement théorique et se doit d'être le plus spectaculaire possible. Chaque scène d'action, immense, donne le tournis par son ambition, sa grandeur. La scène -déjà fameuse car teasée dans les bandes-annonces- de la baston dans les toilettes est par exemple découpée en trois gros actes. La "course-poursuite dans Paris" promise par la promo n'est pas qu'une simple course-poursuite mais une succession de morceaux de bravoure. "This movie is sex", résumait Fallout en un joli tweet le critique du Village Voice Bilge Ebiri. Good sex ou bad sex ? Du good sex bien sûr ; pendant cette partie de jambes en l'air il y a des hauts et des bas mais la succession de climax hallucinants lors du dernier tiers du film vous donnera l'impression d'avoir participé à la meilleure partouze de cinéma de votre vie.
Même si la pirouette finale, anti-spectaculaire et extrêmement sérielle, donne en fin de compte à Fallout les dimensions d'un véritable épisode de série, soyez rassurés : Fallout est le plus grand, le plus ambitieux, le plus spectaculaire, le plus vertigineux et le plus incroyable de tous les épisodes jamais tournés.