Première
Deux sœurs, un jeune homme, un huis-clos, les effluves de l’amour, ou bien celles de la jalousie. Il y a dans Méduse la fraîcheur d’un premier long, sa volonté de vouloir créer une œuvre, dire un propos, raconter des humains enfermés dans des dilemmes impossibles et des traumatismes ineffaçables. Sa réalisatrice Sophie Lévy, inspirée par Fassbinder, Bergman ou Cassavetes, s’approprie le mythe de la méduse (à savoir : quand un sujet est frappé par le sort, il devient une victime et simultanément un bourreau potentiel). Elle filme trois acteurs à fleur de peau, reclus dans une grande villa, aux traits saillants, longilignes et terriblement cinématographiques. Les deux femmes sont sœurs. L’une, Clémence (Anamaria Vartolomei, Césarisée pour L’Evénement), est restée hémiplégique et privée de la parole à la suite d’un accident d’auto. L’autre, Romane (Roxane Mesquida), saine et sauve après le drame, doit éternellement s’occuper d’elle. Sauf que Romane s’amourache d’un jeune pompier, Guillaume (Arnaud Valois) qui intègre le huis-clos et se met vite en tête de sauver la sœur aphone, au grand dam de son amante. S’immiscent alors, dans la grande bâtisse vitrée, la jalousie, la rancœur, la frustration... Sophie Lévy aime ses personnages. Elle ne les juge pas. Ils ne sont ni bons ni mauvais. Juste blessés. Elle soigne également l’esthétique de sa mise en scène. Mais son film, pourtant, ne tient pas la distance. A cause d’un scénario vraiment trop cousu de fil blanc qui empêche tout effet de surprise et d’un goût un peu trop prononcé pour le psychologisme qui finit par devenir pesant.
Estelle Aubin