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Le best-seller qui a donné naissance au film s’est vendu à près de 8 millions d’exemplaires aux États-Unis. Avec la version ciné, il y a de quoi s’étouffer. Quelle position adopter face au parcours initiatique de cette grande bourgeoise newyorkaise tout à fait capable de se payer une crise identitaire à travers
le monde ? Le résultat, caressant comme les paroles d’un gourou à l’heure du thé, se révèle extraordinairement excluant pour qui ne se sent pas l’âme d’une femme occidentale moderne et divorcée. Javier Bardem – il se fait attendre, le salaud – arrive trop tard. Quand il surgit d’un platane à vingt minutes de la fin, le charme incomparable de Julia Roberts s’est déjà éventé comme une bouteille de Schweppes trop longtemps restée ouverte.
Toutes les critiques de Mange, prie, aime
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Mange, prie, aime est un film fait pour sa vedette, le casting a été conçu en fonction des statuts respectifs des acteurs dans les magazines people, et n'a d'autre signification que d'affirmer le pouvoir de séduction intact de Mrs Roberts sur toutes les classes d'âge du cheptel hollywoodien.
Quant à la vision de la planète qu'offre Mange, prie, aime, on laissera aux Italiens et aux Balinais le soin de la commenter. Vu d'un pays neutre, elle donne l'impression que le solipsisme américain ne s'est jamais si bien porté, que les valeurs les plus simplettes - si on fait un effort, on peut s'en sortir, il suffit de demander au Bon Dieu de bonne foi pour que les choses arrivent - restent les piliers de l'American Way of Life et que ce dernier se transporte aussi aisément qu'un bagage cabine.
Mange, prie, aime est peuplé d'une série de personnages secondaires - la mamma italienne, le vieux sage balinais - qui n'auraient pas déparé un comic des années 1930 et la bande son est faite de vieux tubes anglo-saxons.
Mange, prie, aime est réalisé par Ryan Murphy. Pour la télévision, il a produit Nip and Tuck et l'exquis (quoiqu'un peu nunuche) Glee. Le sens de l'ironie dont le metteur en scène fait preuve pour le petit écran s'est ici évaporé, ne laissant qu'un planisphère de clichés.
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Qui n'a rêvé de tout larguer pour faire le tour du monde ? Elizabeth Gilbert, jeune romancière new-yorkaise, la trentaine neurasthénique, l'a fait et a raconté son voyage dans un livre devenu best-seller. Un succès s'expliquant, en partie, par l'identification des lectrices (et des rares lecteurs égarés) à une héroïne qui leur ressemble. Vont-elles s'identifier à la divine Julia Roberts qui s'extasie sur une pizza à la mozzarella à Rome (« mange »), s'initie au bouddhisme en Inde (« prie ») et tombe sur Javier Bardem à Bali (« aime »). Ou comment transformer un trépidant récit autobiographique pour midinettes en gros loukoum pour agences de voyages.