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Lust, Caution fait partie de ses réussites, même si le film est assez inégal en lui-même, probablement parce qu'en adaptant une nouvelle, le cinéaste et son scénariste, James Schamus, ont rallongé la sauce. Les personnages y gagnent en épaisseur, mais le spectateur risque de perdre patience, surtout dans la première partie (...). Ang Lee multiplie ces instants de grâce avec une subtilité qui fait complètement oublier les défauts mineurs du film.
Toutes les critiques de Lust, Caution
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
- Téléramapar Aurélien Ferenczi
C'est à travers les scènes d'amour qu'Ang Lee décrit in fine l'évolution de ses personnages. La presse s'est largement fait l'écho de ces scènes torrides - où quelques figures complexes du Kama-sutra, et d'autres moins répertoriées, sont passées en revue. Ces étreintes ne sont ni tendres ni amoureuses : elles tiennent davantage d'une révélation progressive, parfois enragée, de la vérité intime des personnages - le seul instant où la jeune espionne et le tortionnaire semblent cesser de jouer. Se perdre, se retrouver, s'oublier dans la jouissance : ces moments de passion et de trouble constituent le fulgurant point d'orgue de cette capiteuse fresque romanesque.
- Le Mondepar Jean-Luc Douin
Assez crues, isolant un porte-jarretelles, une ceinture de cuir, des poils d'aisselle, ces scènes d'alcôve sont peintes avec un mélange de tension érotique et de brutalité, chorégraphie de corps à la fois dominants et soumis, dans un échange SM. Elle malmenée, ligotée, dans la délicieuse confusion du "je t'aime, je te tue", et lui ferré autant qu'épris, ayant l'air de souffrir mille morts en jouissant. Sexe ou compromission politique, prudence... A ce que l'on courtise, on risque de s'attacher.
- Ellepar Florence Ben Sadoun
Un rapport sado-maso aliénant, entre torture et amour, va s'installer dans un contexte politique agité. Cette relation d'une sensualité exacerbée est filmée de façon frontale par la caméra de Ang Lee, qui ne craint décedément pas les mouvements du corps.
- Le JDDpar Barbara Théate
Malgré une mise en place de l'intrigue un peu longue et saccadée de multiple flash-back, on se laisse prendre par le fascinant jeu de dupes qui s'instaure entre la jeune actrice et le tortionnaire.
- Fluctuat
Dans les années 1940, alors que le Japon occupe partiellement la Chine, la jeune étudiante Wong est chargée d'approcher et de séduire Mr Yee, un chef de la collaboration avec les Japonais que la Résistance veut supprimer. Rapidement, la relation entre Wong et Mr Yee devient plus complexe qu'elle ne l'avait imaginé.
- Exprimez-vous sur le orum cinémaAprès Hulk, chef d'oeuvre pop et métaphysique injustement mal-aimé, après Brokeback Mountain, qui racontait à quelques nuances près la même histoire, Ang Lee s'exile donc en Chine pour filmer sur fond d'occupation japonaise un thriller érotique. A première vue, gros gap d'un film à l'autre. Pourtant, passées les variations contextuelles et l'époustouflante reconstitution historique de Hong-Kong et Shanghai, on ne tarde pas à retrouver des préoccupations similaires aux films précédents. Pour Ang Lee, l'histoire de Wong Chia Chi (sublime Tang Wei) est un prétexte à raconter une éducation sentimentale contrariée. A travers le portrait de cette jeune femme d'abord naïve qui devient espionne par amour, Lust, Caution filme l'ambiguïté du désir, un conflit entre la raison et les sentiments, le corps et un idéal (la résistance à l'envahisseur japonais). Le tout avec un mélange de classicisme et de grâce qui n'a comme seul défaut que quelques errances narratives et une approche parfois ampoulée.Comme Hulk et Brokeback Mountain, Lust, Caution traite de cette tension entre le monde (les autres, la société) et le moi (catalysé par l'amour physique et une forme de solitude). Le cheminement prend ici néanmoins des détours inédits puisque la notion de sacrifice alimente le récit et son arrière-plan historique. Mais ceci n'est encore qu'un prétexte - important puisque s'ajoute la question de la torture comme motif érotique. Ang Lee s'intéresse d'abord aux nuances, à la fusion impossible (avec la collaboration comme prolongement), à la coexistence de contradictions au sein d'un être, à ses dilemmes et autres duels psychologiques où le désir (éternel moteur de l'action) met en péril l'ordre moral. Lust, Caution ne fait qu'appliquer ces schémas qui ont fait l'oeuvre d'Ang Lee, cinéaste de l'individu qui construit ici quelques moments d'une beauté admirable entre Tang Wei et Tony Leung. L'acteur, d'habitude superbe image du cinéma hongkongais, n'a jamais été aussi grave ; on n'oubliera pas l'avant-dernier plan où il lance le regard le plus triste et ravagé de tous les temps. Lust, Caution
De Ang Lee
Avec Tang Wei, Tony Leung, Joan Chen
Sortie en salles le 16 janvier 2008Illus. © Focus Features
- Exprimez-vous sur le orum cinéma
- Lire les fils asie, chine, guerre sur le blog cinéma
- Ang Lee sur Fluctuat : lire les critiques de Hulk et Brokeback MountainParis Matchpar Christine HaasNourrie d'émotions violentes et de sentiments cachés, leur liaison débouche sur une dangereuse histoire d'amour dans la lignée de Casablanca.