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Depuis des années, on entend toujours les mêmes cinéastes soupirer après leur fantasme ultime : filmer une histoire d’amour qui va jusqu’au lit, ne pas couper après le baiser mais baiser. L’amour qui se vit et qui surtout, se fait. Depuis le temps qu’on l’attendait, Gaspar Noé l’a fait. C’est la promesse du film : du sang (un peu), des larmes (pas mal) et du sperme (beaucoup). Par-dessus tout, au delà des provoc et autres blaguounettes (éjac faciale –en 3D donc -, Gaspar himself qui fait l’acteur à moumoute, le spectateur qui se fait pointer du doigt et s’entend dire « You’re a piece a shit » etc), au-delà de l’accumulation forcément un peu débandante de scènes de cul porno certes, mais très belles, très esthétisantes, qui déroulent sa mécanique des fluides, ce que montre Gaspar, c’est comment on ne se remet pas d’avoir perdu l’amour de sa vie. L'absence, la jalousie, le manque. Tout ça avec une structure en flash-back à la Irréversible. Seulement, comment réaliser un grand film sentimental porno ? Le sperme est-il soluble dans l’eau de rose ? Oui, même si ça peut faire des grumeaux.
Toutes les critiques de Love
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Il serait fou de bouder son plaisir devant ce film d’une plasticité colossale, devant ce voyage romantico-charnel, psycho-trash et, in fine, fondamentalement plombant qui rebat les cartes d'un cinéma hexagonal toujours plus aseptisé.
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Drame intime, radiographie d'un égo malade et vertige mélancolique, "Love" n'est pas (que) la romance porno annoncée, il est bien plus.
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Faux porno, vrai mélo où "tout est bon qui est excessif".
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"Love", avec ses audaces formelles et sa normativité straight, ressemble à un drone visuel bourdonnant à bas bruit autour de trois ou quatre clichés-traumas dont on ne sait s’il essaie de les scanner ou de les effacer.
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Dans "Love", magnifique histoire d’amour signée Gaspar Noé, un couple s’aime devant la caméra avant de se délier. Des images chaudes et belles font partager sa passion et sa destruction.
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La caméra fixe et frôle les corps, aucun détail anatomique ne lui échappe, les langues fouillent, mais les scènes sont presque esthétisantes, jamais glauques. On est loin des incursions gynécologiques des productions X !
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Gaspar Noé saisit l'imperceptible, les frémissements du désir et les frissons de tendresse, roule les peaux enchevêtrées dans des lumières d'or et les flambées de fièvre sous des déluges carmin, sa marque de fabrique. Le reste a la froideur clinique de la rancune.
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"Love" n’est pas un film provoc, "Love" n’est pas le film trash tant espéré par ceux qui voulaient s’offusquer tout en se rinçant l’œil. Non, "Love" n’est rien d’autre qu’une puissante et saisissante expérience de mélancolie ultime. "Love" n’est pas un film bandant, c’est un film badant.
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Au final, "Love" tient sa promesse de mélodrame sexuel. Le goût de Gaspar Noé pour la provocation ne doit pas cacher son talent.
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Un long trip amniotique, infiniment romantique, à condition d'en accepter le principe. Incroyants et allergiques à l'hypnose, s'abstenir.
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Tout se joue dans un espace confiné. On touche au plus près de l'intime d'un personnage. C'est d'une simplicité et d'une beauté désarmante.
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"Love" est aussi, sans doute, imparfait. Mais c’est là le propre des films où l’on trouve du risque, de la fièvre, de l’humain. Des films qu’on AIME.
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En 2 heures 15 d’étreintes sexuelles non simulées, Noé se livre à un examen du sentiment amoureux sous son versant le plus charnel, animal et organique : un trip somptueux dont l’une des sources pourrait être les écrits de Bataille érigeant l’épuisement sexuel en une sorte d’absolu métaphysique.
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Un film qui magnifie l’amour physique dans le respect de l’autre, et mériterait d’être soutenu si l’on n’était pas arrêté par l’indigence du scénario et des dialogues.
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"Love" n’est rien d’autre qu’un mélodrame sentimental et impudique, un film où les scènes de sexe ont le bon ton de ressembler, très honnêtement, à ce qui se fait habituellement hors du champ des caméras.
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"Love" n’est finalement pas le choc espéré, la sensation de déjà-vu du script et sa surenchère maladive éclipsent parfois une mise en scène toujours aussi éclairée.
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Le hic, et ce n'est pas nouveau chez Gaspar Noé, tient aux dialogues, à la volonté de faire sens (la voix off envahissante, en guise de monologue intérieur). Plus gênants encore : les moments où il cède à la provoc à deux euros, en recourant à des effets (l'éjaculation en 3D), et en s'écartant de son récit.
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"Love" dessine au fond un monde clos sur lui-même, et résume bien la fonction de la sexualité dans l’œuvre de Noé: un objet de désir et de terreur, fantasme excluant où les hommes et les femmes ne banderont jamais à égalité.
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La réalisation est impeccable ; la bande-son parfaite (...) Noé n’aura fait, n’en déplaise à son navrant teaser, ni “bander les mecs”, ni “pleurer les filles”, mais offert un captivant – quoique très masculin – moment de cinéma.
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On regrette que ce film, habité, audacieux et puissamment composé jusque dans ses défauts, se laisse contaminer par un élan métaphysique trop replié sur soi.
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On peut reprocher beaucoup de choses à Gaspar Noé : son narcissisme assumé, sa misogynie, son homophobie larvée, sa narration inversée assez agaçante, son côté potache. Mais quand il filme le désarroi d’un homme qui sait qu’il a laissé filer l’amour de sa vie (...) il touche au cœur d’une inaltérable blessure qui se trouve chez la plupart de ceux qui ont réellement aimé.
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Malheureusement, Noé ne peut s'empêcher de troubler la beauté de sa mise en scène en ponctuant Love de son narcissisme et de son envie de déranger le monde.
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Des dérapages gratuits et complaisants qui créent des longueurs et n’apportent pas grand-chose au récit. Dont la véritable force réside dans cette manière qu’a Love de s’inviter dans une intimité pour y saisir une vérité nue.
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Une succession lassante de scènes de sexe, sans autres enjeux que de nous déballer un catalogue de fantasmes hétéro-beauf, exécutés par un trio d'acteurs qui donnent beaucoup de leur personne mais manquent cruellement de charisme.
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Au lieu d'en sortir bleuté par un profond mal-être, on ne tarde pas à sombrer dans un ennui indifférent. À quelques occasions, nous voilà tout juste perturbé par un minimum de plongées dans quelques expérimentations sexuelles libératrices mais à peine sensuelles.
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"Love" n’a de subversif que la surface. (...) Sevré de neurones, flottant dans un montage qui sacrifie la moindre réflexion au clinquant et à la transe technoïde, le film épouse la trajectoire d’un canard sans tête, qui fonce, zigzague et trébuche en même temps.
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Un film dont ceux qui en parlent le moins sont ceux qui l'ont vu, pour cette raison qu'il n'y a guère à en dire.
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Ce ne sont pas ces séquences qui rapprochent "Love" du cinéma X, mais bien la faiblesse insigne du scénario et de l’interprétation (en dehors, encore une fois, des performances physiques).
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Mais là où le bas-résille blesse, c’est au niveau du scénario plus fin qu’un préservatif, et des dialogues, plus lourds que les œuvres complètes de Sade.(...) Esthétiquement, rien à reprocher à ce film interminable, mais émotionnellement et intellectuellement, c’est la frigidité totale.
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"Love" est un catalogue d'auto-citations et de fausses provocs. Quelqu'un peut-il lui dire que ça ne choque plus personne ? (...) Faut grandir, Gaspar !
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(...) le scénario étant aussi palpitant d'un porno, contempler ces nus imbriqués se révèle aussi fastidieux que le spectacle d'un dormeur sur un banc chez Andy Warhol.