Première
par Lucie Chiquer
En portugais, le mot levante traduit un geste technique en volley-ball. Sport que pratique Sofia, 17 ans, joueuse au talent indéniable approchée par un centre de formation réputé. Mais c’est aussi un terme synonyme de soulèvement, de révolte. Celle qu’elle entame en cherchant à se faire avorter illégalement après avoir appris sa grossesse non-désirée. Mais Levante désigne aussi une plante utilisée lors de rites occultes pour s'octroyer des pouvoirs. Le pouvoir de la sororité, celui auquel Sofia se raccroche pour faire face aux conservateurs intégristes qui la tourmentent. Car au Brésil, alors que les résidus de la politique de Bolsonaro subsistent, l’avortement y est toujours illégal et pénalement réprimé. Dans un geste revendicateur, Lillah Halla décide d’en faire la substance de ce premier long-métrage récompensé du prix FIPRESCI à la Semaine de la critique cannoise. Porté par la performance enflammée d’Ayomi Domenica Dias, Levante est à la fois diatribe d’un système archaïque et célébration du droit à disposer de son corps. Et malgré quelques détours scénaristiques superflus, le charme du film réside pleinement dans sa représentation queer décomplexée. Car Sofia n’est pas seule dans son combat, mais se repose sur le soutien indéfectible de son équipe de volley, collectif inclusif dont l’appartenance au monde n’est jamais contestée. Véritable cri d’insurrection, le film de Lillah Halla témoigne sans équivoque l’effervescence d’une colère qui plus jamais ne sera réprimée.