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Le prologue -signé Fred Cavayé- plante le décor. Avec l’énergie propre au réalisateur d’À bout portant (plans courts, urgence des situations), il décrit une engueulade homérique, une virée puis une baise entre potes bourrés et bourrins. L’influence de Bertrand Blier, sous la direction duquel Dujardin a tourné Le bruit des glaçons, est manifeste dans ce premier sketch salace et décomplexé, où s’exerce une misogynie féroce. Fidèles à leur promesse de comédie jusqu’au-boutiste, Dujardin et Lellouche, maîtres d’oeuvre de ce projet atypique, foncent tête baissée, ne craignant pas de se mettre à dos les pères la morale qui ne verront que grossièreté et provocation dans leur démarche –les mêmes avaient agoni Blier en son temps. Sous le vernis beauf, heureusement, de la substance. Par exemple, dans le sketch (réalisé par Hazanavicius) où Dujardin incarne un cadre looser, prêt à tout pour tirer un coup lors d’un séminaire de travail ; ou dans celui (signé Lartigau) qui voit Lellouche s’amouracher d’une jeunesse dévergondée. À chaque fois, la drôlerie de départ se teinte d’un malaise de plus en plus grand, voire dérangeant. Les deux larrons ont retenu la leçon non seulement de Blier mais aussi des grands maîtres italiens tels que Risi et Monicelli : plus la caricature est outrancière et plus les limites de la transgression sont repoussées, meilleure est la charge. Dans un film pareil, impossible pour les acteurs de se cacher. Dujardin et Lellouche, mais aussi Guillaume Canet ou le surprenant Manu Payet, donnent donc de leur personne avec une absence totale d’inhibition. La Palme revient à Jean Dujardin dont vous allez découvrir le côté obscur. Mais pas celui que vous croyez...
Toutes les critiques de Les Infidèles
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Drôle, surprenant, émouvant, parfois carrément hard, cet ébouriffant film à sketches fait souffler un vent de folie politiquement incorrect sur la comédie française. Avec son casting aux petits oignons, (...) le film nous emballe. La bonne surprise de l'hiver.
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Nous régalant de ses dialogues hilarants, de ses situations croustillantes, et de ses vérités pas toujours bonnes à dire, et même de ses moments touchants, cette comédie jubilatoire est donc à voir.... sans craindre de se tromper.
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Cette série de sketches à la goujaterie 100% revendiquée s'inscrit dans la veine de Monstres de Dino Risi. (...) Avec zéro tabou ! Ce qui n'exclut pas l'émotion et la finesse à l'écran, (...) Jean Dujardin et Alexandra Lamy sont tout simplement magnifiques.
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D'un sketch à l'autre, tous réalisés par des metteurs en scènes différents, on passe du rire un peu gras à la soupe à la grimace, ou même de la pure comédie au drame pur. L'infidélité, c'est léger quand ça se passe dans le lit des autres, mais dès qu'on touche à vos draps, c'est bouleversant (...).
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On rit beaucoup. (...) C'est tantôt noir et grinçant, tantôt crétin et potache. Et l'on prend conscience que "Les Infidèles" ressemble aux premiers films de Bertrand Blier, pleins d'audace, faits d'une liberté irrévérencieuse (...).
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On a surtout adoré le sketche d'Alexandre Courtès, hilarant morceau de bravoure, Les Infidèles Anonymes, avec un Sandrine Kiberlain très en forme ; La Bonne Conscience, de Michel Hazanavicius, où Jean Dujardin en séminaire se révèle un pathétique roi du râteau... Les quatre autres sketches sont] plus inégaux (...) L'ensemble porté par l'indestructible tandem Lellouche-Dujardin est drôle, pas prétentieux.
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Avec en ligne de mire « les Monstres » (1963), de Dino Risi, les réalisateurs font, en sept sketchs, le portrait de losers veules qui, de mauvaise foi à l’état pur en « rateaux » dans un séminaire d’entreprise, dresse un état des lieux de la bêtise masculine. Sans à tout prix vouloir disputer un concours d’adjectifs – gras, drôle, pathétique, trash –, convenons qu’il y a là-dedans à boire et à manger. Mais « les Infidèles », qui se revendique comme une comédie pour adultes à l’humour très « cour d’école » où « Californication » et Judd Apatow feraient un enfant illégitime à Yves Robert, sait à la fois se teinter de gravité (« la Question » prend en compte le point de vue féminin, « Lolita » tient l’infidélité pour un leurre) et travailler le cliché (la virée à Las Vegas avec coucher de soleil, lumière rasante et Billy Joel en fond sonore). Ce qui, plus que le message assez moralisateur, emporte au fond l’adhésion, c’est l’implication des deux acteurs qui viennent de conquérir leur légitimité mais la remettent aussitôt en jeu en y allant à fond les ballons.
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Deux sketches réussis sur quatre. (...) Le reste relève de l'hétéro beauf.
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Des sketches sur la coucherie, agréables, mais inégaux.
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Composé de six sketches, entrecoupés de trois interludes, le film laisse une impression étrange. Hormis quelques gags potaches, l'ensemble tire du côté de l'autoportrait satirique du duo bankable en hommes mariés quadra totalement immatures (...) Les féministes auront de bonnes raisons de bondir en voyant à quel point le film entend faire porter aux femmes (et surtout aux épouses) le rôle très ingrat de gardiennes d'une norme conjugale dont ces messieurs, par leurs frasques (...) entendent s'affranchir.
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But évident : retrouver l'insolence joyeuse de la grande comédie à l'italienne : les films à sketches de Dino Risi (...) Problème : l'écriture, ou plutôt son absence. Tous les sketches italiens de jadis, même les plus courts, regorgeaient de mots d'esprit et de trouvailles visuelles. Ceux des Infidèles obéissent à la loi du moindre effort, cette décontraction typiquement française, cet à-peu-près dont chacun veut se satisfaire.
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Les Infidèles font l'effet d'une machine à remonter vers un temps que l'on ne regrette pas.