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L’attente était grande avant la projection cannoise du Retour, la polémique ayant entouré sa sélection (des controverses liées à ce qui a pu se produire sur le tournage que réfute en bloc la réalisatrice) ayant déplacé le centre d’intérêt autour du film. Ce dernier allait-il être plus fort que tout cela ? Hélas non. Catherine Corsini y met en scène une quadragénaire noire engagées par une famille parisienne aisée pour s'occuper des enfants le temps d’un été en Corse. Une île où elle n’est plus revenue depuis 15 ans et la mort du père de ses deux filles Jessica et Farah qui l’accompagnent.
Plusieurs films cohabitent à l’intérieur de ce récit. Le plus réussi est la coming of age story, le temps des premières expériences amoureuses de ses deux jeunes héroïnes. L’énergie de Suzy Bemba et Esther Gohourou – mais aussi de Lomane de Dietrich dans le rôle de la fille du couple de bourgeois dont tombe amoureuse Jessica – traverse l’écran. Mais si les comédiennes épatent à ce point, c’est aussi parce qu’elles parviennent à transcender le côté archétypal de leurs personnages. Et ce souci d’écriture plombe les deux autres dimensions du film. La chronique familiale avec le passé qui ressurgit autour des circonstances de la mort du père. Et la chronique sociétale où il est question de honte de classe, d’une satire de la bourgeoisie "gauche caviar". Mais tout est ici trop souligné pour que ça fonctionne. Et souffre de la concurrence avec une autre chronique estivale corse, I Comete, où ces thématiques étaient embrassées avec une acuité bien supérieure et une recherche formelle venant percuter un apparent naturalisme.