- Fluctuat
Un enfant cancéreux et un vieillard Alzheimer se rencontrent dans un hopital. D'un bout à l'autre de la vie humaine leur face à face dans le temps suspendu d'une mort annoncée dessine : Le monde de Marty.
Monde en demis teintes où tout événement, perdu d'avance pour nos héros, parle assez de la futile agitation des vivants, de la vanité de leurs projets, vanité de cette lutte contre la mort orchestrée de façon dérisoire à l'intérieur de l'hopital. La vérité du monde de Marty est ailleurs! Peut-être dans l'égalité, face à l'éternité, du vieillard et de l'enfant. Peut-être dans le ton burlesque et tendre qu'adopte (nom du réalisateur! s.v.p.) pour décrire la vie commune des malades et du personnel soignant. Si humble soit sa thématique, le film ne se veut pourtant pas minimal. On peut voir, dans le traitement narratif d'une histoire nouée autour de ces vies sans avenir, un défi aux formes classiques du cinéma commercial, cinéma d'action où les choses et les gens arrivent tandis qu'ici, doucement, inexorablement, ils, elles partent au néant.Le défi sera principalement tenu par Michel Serrault qui trouve là une occasion limite de déployer son talent. En effet, l'acteur dans son rôle de malade ne parle ni ne bouge. Il est ici, essentiellement, un visage auquel la caméra revient toujours comme à son point d'ancrage, un corps statique, et une conscience que le monde ignore mais dans le secret de laquelle entreront ceux qui la désirent. Ainsi le film propose-t-il cette limite du secret. Le spectateur y est introduit dès avant le premier plan, à la fin du générique, par la voix off de Serrault sur un écran noir. Et Marty, l'enfant qui devine derrière la vitre de la salle d'examens les paroles peu encourageantes que le médecin adresse à sa mère, y pénètrera aussi, parce qu'il est nécessaire pour lui que l'approche de la mort ne soit pas la fin, mais au contraire la possibilité d'une autre conscience.Malheureusement, tant de bonnes intentions ne suffisent pas à faire de ce film entre fâble et contemplation un grand, ni même un moyen moment de cinéma. L'absence d'espoir où, bravement, il cherche sa sagesse, tourne vite à la résignation morose et la vivacité de l'enfance par laquelle il s'anime un peu est encore trop faible pour qu'un souffle, un rythme véritable le traverse qui emporterait son spectateur au Nirvana de l'éternité rimbaldienne sur laquelle il se referme : "La mer allée avec le soleil".Le monde de Marty
Réalisé par Denis Bardiau
France, 1999
Durée 1h29
Avec Michel Serrault, Jonathan Demurger, Camille Japy
Le monde de marty