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Dans une société où tout le monde se regarde vivre selon des critères hyper normés, subsistent encore quelques punks, des rebelles, des purs. Bruno est de ceux-là. Quinquagénaire fringant, il passe sa vie chez lui en slip, à se faire du thé et à écrire son nouveau roman. Il y a vingt ans, Bruno a commis Le ciel étoilé au-dessus de ma tête, qui l’a propulsé au sommet de la gloriole littéraire. Mais depuis, rien. Zéro. Délaissé par la win, Bruno gribouille, jette et recommence. Sans thune, seul, refusant tout compromis, il s’acharne. Jusqu’au jour où ses proches, inquiets, déboulent avec une psy chargée d’évaluer s’il faut ou non l’interner. La première fiction d’Ilan Klipper (qui vient du documentaire) est un vrai geste de cinéma. Entier, libre et radical, à l’instar de son héros, le film danse sur une ligne de crête séparant réalité et fantasmagorie. Il fusionne ainsi avec son sujet même : une exploration in vivo de ce qu’est la création, savant mélange entre maîtrise et lâcher-prise. Les affres de l’inspiration s’incarnent dans une mise en scène joyeusement foutraque, directement câblée au cerveau halluciné de Bruno. Magistral dans chaque plan, Laurent Poitrenaux s’impose comme un croisement inédit entre le Hugh Grant de Coup de coup de foudre à Notthing Hill (beauté pâle de grand lecteur, veste en velours, tempérament pépère) et son coloc’ hirsute Rhys Ifans, dont il a la silhouette dégingandée, le flegme grandiloquent et la capacité d’émerveillement belle à pleurer. Rendez-vous aux prochains César.