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Solidement mise en scène, cette reconstitution d'un abominable fait historique parvient en fin de compte à trouver une tonalité inédite, forme de réponse éclairée à la froideur morbide dont la France de Vichy a fait preuve. Et l'élan final d'optimisme, étrangement amené, n'atténue qu'en partie la douleur de La Rafle.
Toutes les critiques de La rafle
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Sa fresque grave, méticuleusement reconstituée, est émouvante sans être larmoyante. Portée par l'interprétation tendue et déchirante de Mélanie Laurent (...)
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(...) alors que La Liste de Schindler ou Le Pianiste décrivaient des héros solitaires capables de transcender l'atrocité de leur sort par leur pouvoir ou leur art, Rose Bosch inscrit, elle, son film dans l'ordinaire factuel des victimes d'un drame par essence collectif. On n'en ressort que plus concerné.
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Avec rigueur, Roselyne Bosch s’attache à rester au plus près de la vérité, au plus près des faits, sans rien cacher ou nier. Cette attention accordée à la justesse historique n’empêche pas l’émotion d’être présente, de s’imposer, d’exploser même, à chaque séquence. Il ne s’agit pas d’apitoyer le spectateur (mais nous parlons de toute façon d’un drame insoutenable et inacceptable), mais de le mettre face à la réalité humaine de cette tragédie. Aborder cet évènement en s’attachant au sort des enfants fait de La rafle une œuvre émotionnellement éprouvante mais aussi, juste et acérée du point de vue historique : le film ne cesse de rappeler la particularité et la violence inouïe de cette tragédie préméditée. Le long-métrage de Roselyne Bosch constitue ainsi un témoignage puissant et pertinent de la rafle du Vel’ d’Hiv. Pour la mémoire.
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Le film est une réinvention luxueuse de ce Paris-là, le Vélodrome d’Hiver ayant été reconstitué avec force détails dans des studios hongrois l’été dernier. Au générique, 70 personnages et des milliers de figurants, dont 600 enfants, etc. L’entreprise était ambitieuse. Mais ne l’était-elle pas trop pour cette ancienne journaliste (née au cinéma comme scénariste de 1492, pour Ridley Scott) et réalisatrice d’un seul petit film auparavant? Sur le papier, oui, mais, à l’arrivée, le résultat dit le contraire: sa Rafle est une vision bien tenue d’événements monstrueux.
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Pour appréhender ce sommet de l'horreur, Rose Bosch se tien à la bonne distance, filmant dans un style neutre, mais avec une impressionnante intensité. Avec un tel casting de stars, on pouvait pourtant craindre que La rafle tourne au show... business. Bonne surprise, Gad Elmaleh, le Séfarade réussit, avec sensibilité et crédibilité, à incarner un père ashkénaze pris dans la tourmente, tandis que Jean Reno prête sa carrure et son intériorité à un médecin de l'impossible, épaulé par une Mélanie Laurent remarquable en infirmière courage.
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[Rose Bosch] signe un film pour la mémoire, dont l'ambition pédagogique se traduit parfois en situations artificielles et appuyées. Le plus souvent, elle sait trouver le ton et l'émotion justes, avec la complicité d'une belle troupe d'acteurs.
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Très solidement documenté, interprété avec ferveur par Jean Reno, Gad Elmaleh et Mélanie Laurent, le film retrace l’arrestation, l’internement et la déportation des juifs à Paris. La qualité d’émotion est extraordinaire : impossible de rester insensible au spectacle de cette honte. Pourquoi sommes-nous si lents à examiner les zones sombres de notre Histoire ? "La Rafle" est un film qui fait honneur au cinéma français.
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De grosses ficelles comme de voir Hitler parler de fours crématoires en dégustant un barbecue ou un bambin courir vers les trains de la mort en criant «maman» le mettent à rude épreuve. Pour ce film qui réunit Gad Elmaleh, Jean Reno, Mélanie Laurent, Sylvie Testud et Anne Brochet, Roselyne Bosch s'est appuyée sur des faits historiques et son honnêteté ne fait aucun doute. Mais son point de vue trop illustratif fait pencher son film du côté du mélodrame pesant. Des oeuvres comme La Liste de Schindler de Steven Spielberg ou, plus récemment, Liberté de Tony Gatlif, ont démontré qu'il était possible de traiter ces sujets sans pathos, ce qui les rend d'autant plus admirables.
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Deux choses doivent pourtant être dites. La première, factuelle, est que, contrairement à ce que martèle la campagne en cours, La Rafle ne nous apprend rien de fondamental sur l'événement. Sa divulgation historique, sa commémoration publique, son enseignement à l'école, son évocation par de nombreuses oeuvres de l'esprit, qu'il s'agisse de littérature ou de cinéma, le prouvent.
La seconde est que ce film est médiocre sur le plan esthétique. La principale raison tient à son ambition spectaculaire, à l'impression qu'il veut donner "d'y être". Le pathos et le manque de recul ne sont pas seuls en cause. Beaucoup de choses y sonnent aussi désespérément faux. A contrario, c'est bien la reconnaissance de la difficulté de ce partage qui est garante du respect dû aux victimes. Aussi n'est-ce pas la sincérité du film qui est ici en cause, mais la naïveté avec laquelle il fait croire qu'il pourrait tout montrer. -
Que dire ? Que le remarquable travail de documentation et de recherche ne fait pas forcément un bon film ? C’est le cas.
Ce spectacle a un air d’« hollywooderie » à la française qui fait passer au large l’émotion dont il se voudrait être le miroir. Tout paraît un peu formaté, amidonné. Sinon, sur le plan de la mémoire, si prompte à s’évanouir, comment ne pas recommander ce témoignage ? -
Le film de Rose Bosch a le mérite de s'attaquer à l'écrasante culpabilité de la police française. Une France unanimement résistante, en somme, comme le cinéma la rêvait jusqu'aux années 60. Depuis, le regard sur l'époque s'est fait plus noir, plus lucide, voire impitoyable. Rose Bosch, elle, oscille entre image d'Epinal et réquisitoire : mélange maladroit, voire impossible. Du Vél d'Hiv au camp de transit de Beaune-la-Rolande, les séquences tire-larmes, surjouées et lénifiantes se succèdent. Plus le danger et la terreur se font pressants, plus les parenthèses attendrissantes avec jolis enfants blonds et gentilles infirmières deviennent gênantes. Peut-on concilier les bons sentiments avec l'horreur pure ?
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Si La Rafle franchit un palier supplémentaire dans l'horreur, c'est qu'on voit bien dans quel terreau l'idée a germé. Ce n'est pas Benigni le modèle, c'est un autre cinéma, bien de chez nous, avec lequel l'affiche dit l'évidente familiarité. Le film s'ouvre sur des images d'archives de Paris occupé tandis que, off, braille Piaf ou un équivalent. Ambiance flonflons, contrariée par les bottes de la Gestapo qui résonnent et font tâche dans le décor. Au fond le film, qui démarre à Montmartre, au pied d'un manège, et dispense tout du long une clinquante bimbeloterie rétro (y compris dans les séquences au camp de Pithiviers, illuminé le temps d'une pause madeleine, apportées par Mélanie Laurent dans un joli emballage en carton), ce film dit à peu près ça : que la vraie barbarie nazie, au fond, c'est moins la Shoah, que le mauvais goût qui fut le sien de venir troubler l'ordre pépère du Faubourg 36. Il se clôt là où il avait commencé, au pied du carrousel où, parce que l'étoile jaune a disparue des gilets, Nono va pouvoir grimper à nouveau. Sur le manège, prêts à commencer un nouveau tour et lettre de Guy Moquet en poche, Les Choristes l'attendent. Banalité du mal, souveraineté du nounours.