Première
par Christophe Narbonne
Quatre ans après Prête-moi ta main, Éric Lartigau, qu’on n’attendait pas là, s’attaque à un morceau de la littérature contemporaine, pavé sacrément ambitieux sur la quête d’identité, la rédemption, l’art et la place de l’homme dans le monde moderne. Une montagne qu’il a eu l’intelligence de gravir par sa face la plus accessible : celle du coeur. Dans L’Homme qui voulait vivre sa vie, on ne quitte en effet jamais des yeux ni d’une semelle Romain Duris (...). De tous les plans, le meilleur acteur français actuel (avec Vincent Cassel) livre une composition d’autant plus époustouflante qu’elle se passe, pour l’essentiel, de dialogues. L’émotion et la tension – le film tient à la fois du drame et du thriller – proviennent en effet de son regard, prolongé par l’objectif d’un appareil photo, son dernier lien avec le monde des vivants. Car, oui, Paul Exben est une sorte de fantôme, un homme sans identité hanté par son passé et sans perspectives d’avenir. Un personnage dumassien en diable dont Lartigau saisit, en des plans fébriles et habités, toute l’ambiguïté et la nécessité.