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Ce scénario invraisemblable posé, le film s’enlise très vite. Le problème ne vient pas tant des personnages – des requins tous plus antipathiques les uns que les autres – mais de la mise en scène de Genestal (“La Squale”, 2000) qui ne nous les rend pas moins étrangers, du méchant banquier qui met la pression sur ses traders en vociférant à la jeune louve aux dents longues en passant par Erwan. Et la répétition des scènes où ce dernier saute littéralement dans le vide (en parachute) n’est qu’un gimmick facile. Pire : la seule personne censée être sensée, la scientifique Sybille Mahler (oui, comme la Sibylle, augure dans la Grèce antique, et Mahler... devinez pourquoi ?), « tombe » elle aussi dans le panneau de manière totalement artificielle. Un vrai bon sujet gâché.
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Si Fabrice Genestal déclare en interview que la vie d'un trader est dénuée « de toute nuance, de tout sentiment et de toute psychologie », rien ne l'obligeait à livrer un film aussi plat et unidimensionnel pour illustrer son propos.
Sur le même sujet, les deux Wall Street d'Oliver Stone offrent eux un certain recul, mettant les agissements des personnages en perspective avec un récit familial et un environnement affectif précis. Mais chez Fabrice Genestal, la dimension humaine est inexistante, à l'image d'une relation sentimentale entre Gilles Lellouche et Vahina Giocante qui ne crée pas la moindre étincelle. De même, l'interaction entre acteurs français et américains fonctionne très mal, Michael Madsen et son rôle de macho irascible donnant l'impression de s'être échappés d'un monde parallèle. A force de mixer langue française et esthétique hollywoodienne, Krach séjourne dans un insipide non-lieu cinématographique. Et les dernières minutes n'arrangent rien ; évoquant le mythe d'Icare à la manière des films de super-héros, Erwan s'envole au milieu des buildings de Manhattan. Face à une telle métaphore, on ignore s'il faut rire ou pleurer, mais Krach s'est définitivement écrasé au sol.
Toutes les critiques de Krach
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Un scénario bien ficelé par des frenchies... et qui ressemble diablement à un film américain.
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Fabrice Genestal aborde son sujet avec sérieux et une réelle volonté pédagogique mais il lui manque les moyens dont a pu disposer Oliver Stone pour ses deux volets de "Wall Street". Du coup, il sacrifie petit à petit les seconds rôles et isole ce personnage prisonnier de la tour d’ivoire dans laquelle il s’est lui-même enfermé, Vahina Giocante étant réduite au rôle de potiche et Michael Madsen grimaçant à qui mieux mieux.
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Persuadé de détenir la martingale du succès, grisé par la prise de risque et atteint de la folie des grandeurs, Erwan entraînera tout le monde dans le désastre. Y compris le film, d'ailleurs, qui souffre à peu près du même symptôme que lui. Un rêve d'Amérique tourné au Canada qui témoigne d'autant plus de ses limites (financières, scénaristiques, artistiques) qu'il feint de ne pas en avoir. Tout y semble donc à côté de la plaque, faute de modestie, d'enracinement et d'authenticité.
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Trop soucieux d’échapper à l’écueil de la démonstration, Krach lorgne plutôt du côté de l’efficacité du Wall Street d’Oliver Stone, reproduisant ses tics de mise en scène et ses clichés yuppies eighties (coke, putes et sauts en parachute ad nauseam).
Et lorsqu’il essaie de se raccrocher au wagon de l’actualité, le film n’offre comme seul horizon critique qu’un précis de psychologie paresseux : absence du père et pathologies affectives pour justifier la démence des traders. La crise attendra. -
(...) l'image nous tombe des yeux tant leurs personnages sont à peine esquissés. Un parti pris un peu court pour se laisser ferrer. Dommage.