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Cet implacable montage d’entretiens exclusifs explique, avec une clarté confondante, le pourquoi et le comment de la crise économique de 2008. Il faut dire que son auteur est diplômé en sciences politiques et qu’il maîtrise les rouages de l’économie mondiale. Ainsi, il n’hésite pas à contredire ses interlocuteurs ou à rectifier leurs propos. D’autres fois, c’est la confrontation avec des images d’archives qui prouve que la personne a menti. (...) Ce que démontre ce film-enquête, qui se regarde comme un thriller, c’est que les origines de la crise remontent à la politique de dérégulation entamée par Reagan en 1980 et poursuivie depuis par ses successeurs. Un à un, les garde-fous mis en place après la crise de 1929 pour réglementer la spéculation ont été supprimés. Et le secteur s’est retrouvé miné par les conflits d’intérêts. Malgré ses promesses de campagne, ça n’a pas changé avec Obama, qui a recruté ses conseillers économiques à Wall Street.
Toutes les critiques de Inside Job
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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S'appuyant, mondialisation oblige, sur des témoins non uniquement américains (DSK, Christine Lagarde...), Inside Job ressemble à un grand jeu de preuve par l'absurde dont on pourrait rire si l'on n'avait pas à en pleurer. Car Ferguson pointe le fait que tout est redevenu comme avant dans ces banques qui ont pourtant juré qu'elles allaient changer. Inside Job est un film d'intérêt public, plus brillant que Wall Street 2 et ludique que Cleveland contre Wall Street. Vous ne pourrez plus dire que vous ne saviez pas...
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C'est un véritable film d'horreur que propose le documentaire Inside Job, d'autant plus terrifiant que nous en sommes tous les héros malgré nous.
La crise financière, ses causes et ses conséquences sont expliquées de façon claire et sans chichi dans ce film implacable présenté en séance spéciale au Festival de Cannes. Inside Job rend ainsi la vedette aux vrais acteurs de la récession : banquiers, lobbyistes ou politiciens que le réalisateur interroge avec la détermination d'un bon ratier.Politologue et réalisateur de Irak, la politique du chaos (2007), Ferguson n'hésite pas à foncer dans le tas. Il prend en flagrant délit de mensonge des responsables prêts à se trouver toutes les excuses du monde plutôt que de remettre en cause le système.
Contrairement à Michael Moore, le réalisateur n'apparaît jamais à l'image, mais sa maestria est omniprésente. -
Inside Job s’inscrit dans la veine de récents docus comme Une vérité qui dérange d’Al Gore et Davis Guggenheim ou Let’s Make Money d’Erwin Wagenhofer : sans inventer une esthétique documentaire marquante, leur pédagogie des rouages de notre monde est remarquable. Du Michael Moore sans le sentimentalisme, l’ego et la gaudriole.
Diplômé du Massachusetts Institute of Technology, consultant multiple, le réalisateur Charles Ferguson n’est pas un gauchiste exalté mais un pur produit de l’excellence américaine.
Quand les fils de l’élite US nous disent que les fondements de leur royaume sont pourris, il faut tendre l’oreille et s’inquiéter.
Inside Job montre que notre civilisation est mortelle. Pire, qu’elle est peut-être déjà morte, assassinée par la trahison cupide de ses leaders. -
par François Grelet
Plus à l'aise dans la posture du satiriste que du redresseur de torts, Ferguson trouve en fait la bonne distance lorsqu'il décide de prendre son sujet à la légère et de le regarder comme gâchis dramatique, dont l'absurdité et la démesure peuvent aussi inciter à la déconne.
Cette nervosité spectaculaire est ici mise au service d'une grande rigueur intellectuelle. Non seulement Inside Job offre une analyse détaillée des mécanismes qui ont conduit à l'effondrement du système financier international à l'automne 2008, mais il ajoute des informations, des pistes de réflexion qui étaient restées jusqu'ici à l'arrière-plan, ou tout simplement cachées.
Enfin, Inside Job est une vraie comédie, qui tourne en ridicule quelques-uns des membres de ce groupe aux frontières floues qui a inventé et promu les machines étranges que sont ces produits financiers qui ne finançaient rien d'autre que les institutions financières qui les émettaient.
Un documentaire engagé, donc, sans être vraiment partisan - le film dépassant largement le clivage républicain/démocrate. C'est à ce point vrai qu'on est sidéré d'apprendre qu'un bon nombre de partisans de la dérégulation sous la présidence de George W. Bush sont passés entre les gouttes de la moindre contestation, et sont encore en place sous Obama...
En août dernier, Cleveland contre Wall Street, du Suisse Jean-Stéphane Bron, nous avait déjà sérieusement alertés. Plus démonstratif et plus analytique, Inside Job n'en est pas moins pertinent sur le sentiment de fuite en avant généralisée, le déni scandaleux de justice comme de réalité. Inutile de dire qu'on en sort accablé, mais aussi particulièrement remonté.
Alors qu’un Michael Moore aurait laissé davantage la parole aux victimes, le réalisateur interviewe ceux qui ont assisté au drame de l’intérieur, du lobbyiste sans scrupules qui défend les intérêts des banques, sociétés de crédit et compagnies d’assurances américaines, à la ministre française de l’Economie Christine Lagarde et au directeur du FMI Dominique Strauss-Kahn. Attendu aujourd’hui sur la Croisette notamment par Oliver Stone, qui a présenté la suite de Wall Street, ce film exigeant, narré par Matt Damon, peut s’avérer parfois complexe (certains développements nous échappent), mais le constat final est implacable.
Charles Ferguson, docteur en sciences politiques et ancien chercheur au Massachussetts Institute of Technology (MIT), a voulu comprendre comment on en était arrivé là. Le documentariste analyse, de nombreux témoignages à l’appui, les causes et les conséquences de la catastrophe financière. Avec une précision mathématique, il retrace la chronologie des faits et laisse le spectateur tirer ses propres conclusions. Mais la manière dont il piège ses interlocuteurs ne laisse pas de place au doute. "J’avais bétonné mon dossier en enquêtant au préalable pendant neuf mois. Je ne pouvais pas les laisser me mentir ou se dérober."
Alors qu’un Michael Moore aurait donné la parole aux victimes, le réalisateur interviewe sans ménagement ceux qui ont assisté au drame de l’intérieur, du lobbyiste sans scrupule, qui défend les intérêts des banques, sociétés de crédit et compagnies d’assurances américaines, à la ministre française de l’Economie, Christine Lagarde, et au directeur du FMI, Dominique Strauss-Kahn. Ce film exigeant, narré par Matt Damon, peut se révéler parfois complexe, mais le constat final est implacable.
La réalisation est rythmée et le parti pris, très drôle : le réalisateur américain a gardé au montage les hésitations, les blancs, les bégaiements ennuyés des intervenants du film. Un bémol : les considérations moralistes de l’auteur sur les mœurs des traders de Wall Street, une fois leur journée terminée.