Toutes les critiques de Hidalgo

Les critiques de la Presse

  1. Fluctuat

    Qu'est-ce que c'est « Hidalgo » ? Du cinéma ? Va savoir. Entre film d'aventure épique ou hippique, difficile de se décider. Ce dont est sûr, c'est qu'il y a Viggo Mortensen, acteur terrien (du milieu ?) et sublime, éternisé par la trilogie intouchable de Peter Jackson. Omar Sharif, rescapé de dix ans de Bilto, et Saïd Taghmaoui, qui a toujours la « haine », même dans le désert.
    Sinon ça commence et se termine comme un western, avec au milieu une course surhumaine dans le désert, vague ancêtre de Paris Dakar mais à cheval. Frank Hopkins (Viggo Mortensen) qui comme on nous le dit a vraiment existé (toujours pratique comme argument), y est issu d'une mère sioux et d'un père américain. Personnage usé, blasé, et traumatisé par l'attitude de l'armée américaine qui tue les bons indiens et surtout leurs chevaux, il accepte le pari d'un cheik, qui lui propose de mettre en jeu l'honneur de son cheval (un mustang, très prisé par les indiens) contre une jolie somme, dans une grande épopée où il devra se mesurer aux plus grands pur sang d'arabie. Le cheval (Hidalgo c'est lui), sorte de Jolly Jumper en plus classe pour un Lucky Luke en plus beau et ténébreux, c'est toute sa vie à Frank Hopkins. Et la moitié du film.Au début ça va vite. Un peu trop. Quelques scènes d'expositions bâclées pour mettre en place les enjeux (sauver l'honneur des indiens, leurs chevaux, la cruauté de l'armée) peinent à trouver le bon rythme. Une fois installé, Hopkins arrivé dans le désert, très vite on comprend la vision sous jacente du film qui tend à jouer sur le choc des cultures, et sur une approche humaniste très politiquement correct (aux U.S.A on tue les indiens, dans le désert il y a encore des esclaves, dur). Et puis la course commence. Là, alors que le film tenait la belle promesse d'une grande fiction d'aventure haletante, le récit ne peut s'empêcher de mêler d'improbables rebondissements. Trahison, complications, vengeance, cupidité, conspirations s'enchaînent en nous laissant le plus souvent vaguement confondu par tant de simplicité. L'histoire d'amour, entre le cow boy et la fille du cheik (Omar Sharif) qui ne peut regarder et même imaginer une relation avec un « infidèle », laisse la sensation d'une relation un peu forcée par un scénario maladroit. On aurait aimé mieux connaître, voir, cette rencontre impossible entre cet homme mythique et celle dont le corps est promis au gagnant attendu de la course, un homme que bien sûr elle haït. Mais rien, tout au plus pas grand chose, à peine deux trois regards.Hidalgo sacrifie toute les belles promesses qu'il nous laissait imaginer. Cette course incroyable, où se noue un rapport intense entre l'homme et l'animal n'a jamais vraiment lieu. L'amitié entre le cheik qui est censé voir l'avenir (où comment le film nous dit pourquoi Omar Sharif a arrêté Bilto : il n'est pas devin) piétine dans une série de rapports convenus et téléguidés. Dommage. Le désert, dont aurait aimé respirer la poussière, n'est que rarement cette terre aride, la sensation d'infini où l'homme recadre son rapport au monde et l'univers.
    Hidalgo, objet pourtant peu banal, entre western et film d'aventure souvenir, aurait pu être à la hauteur de ses ambitions. Mais lesquels ? Entre quelques moments de bravoure parfois bien mené, et des scènes improbables où les images de synthèses ressurgissent de manière parfois peu justifiée (la scène avec les léopards) ou vaguement réussie (la tempête de sable), on se paume très vite là où tout est trop repérable.Peinant à trouver son style et ses images (on se demande parfois s'il n'y a pas eu un problème d'étalonnage quelque part ou si la post production n'a pas été bâclée), le film de Joe Johnston (Jurassic Park 3) lasse par gâchis. Tiraillé entre filmer paysage ou visage, le raccord n'a jamais vraiment lieu. Ce qui devait être un bel hymne à la liberté et la fraternité, ne reste que des bouts d'images à voler, une ou deux cartes postales. C'est déjà pas si mal.Hidalgo
    Un film de Joe Johnston
    Avec : Viggo Mortensen, Omar Sharif, Louise Lombard, Saïd Taghmaoui, Zuleikha Robinson, Adam Alexi-Malle.
    Sortie nationale le 24 mars 2004[Illustrations : droits réservés GBVI]
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