Première
par Thomas Baurez
Le film s’ouvre sur le plan fixe d’un intérieur simple : une télé, un canapé, une table, quelques bibelots... Jour, pénombre, nuit noire. Une voix off s’interroge sur la manière de ressentir et d’occuper cet espace familier. « Mais si soudainement un étranger devait entrer dans cette pièce, que verrait-il ? Qu’entendrait-il ? Est-ce qu’il sentirait quelque chose ? » Le Belge Bas Devos semble ici marcher sur les traces de la regrettée Chantal Akerman. Comme l’auteure de Jeanne Dielman..., il part du théorique pour aller vers l’humain. Ici, Khadija, employée de ménage, s’endort dans le dernier métro qui la ramène chez elle. Arrivée au terminus, elle se retrouve lâchée et coincée dans un lieu qu’elle ne connaît pas. Elle devient ce corps étranger dans un espace nocturne et dépeuplé. Son retour chez elle prend des allures de (trop) lente épopée.