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Début 2014, les fans les plus acharnés de la première saison de True Detective s’étaient tous précipités en librairie pour acheter Galveston, premier roman de Nic Pizzolatto, écrivain jusqu’alors inconnu devenu showrunner-superstar du jour au lendemain. Histoire de tuer le temps entre deux épisodes. Le bouquin racontait la rencontre entre un gangster en cavale et une jeune prostituée, qui taillaient la route ensemble et tentaient d’échapper à leur destin en se planquant au fin fond du Texas, dans la station balnéaire de Galveston – Pizzolatto faisait du bled une sorte d’Eldorado intime, un hypothétique paradis terrestre loin des tourments du monde. Pour son premier job de réalisatrice aux Etats-Unis, Mélanie Laurent retranscrit bien la petite musique violente et mélancolique du livre, cette sensibilité de gros dur au cœur tendre qui palpite tout au long des deux saisons de True Detective. L’atmosphère est poisseuse, pesante, trouée de flashs de violence efficaces, Mélanie Laurent sait bien filmer la géographie du South Texas et les grands yeux d’enfant triste d’Elle Fanning. Il y a dans le film un aspect vaporeux, aérien, « mouchoir de poche », qui fait à la fois sa force et sa limite (mais c’était déjà le cas du bouquin). Ben Foster, toujours exceptionnel dans les rôles de marginaux à fleur de peau (Galveston ferait d’ailleurs un bon double programme avec Leave No Trace, sorti le mois dernier), apporte un peu de gravité et de pesanteur à l’affaire. C’est du travail de pro. Un argument de poids pour la demande de carte verte de Mélanie Laurent.