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Ça commence comme du Terrence Malick : une citation biblique, un homme en contre-jour, une plage, un chien qui court. Les vagues, le soleil aveuglant. Il sera question de foi et de morale, mais nous ne sommes pas sur la côte californienne et on ne verra pas de sublimes créatures. Plutôt des hommes mûrs et une femme à l’allure de servante dans une maison perchée sur une falaise de la côte chilienne aux airs de bout du monde. On entre à tâtons dans le Club de Pablo Larraín, et la découverte progressive de cette communauté est un cheminement étonnant. Consternant. Comme l’est la remontée à la surface des tourments qui agitent ses membres à la sérénité apparente, dont on comprend finalement qu’ils ne sont pas des hommes tout à fait comme les autres. Ces hommes sont des prêtres qui ont fauté, marginalisés mais protégés par l’Église, placés sous la garde d’une ancienne bonne sœur au moins aussi trouble qu’eux et qui tentent de trouver la paix hors du monde. L’irruption d’un nouveau pensionnaire va faire surgir une violence (verbale, physique, morale) inouïe tandis que le passé de tous sera révélé. Après sa trilogie sous Pinochet, Pablo Larraín pose un regard extraordinairement singulier sur les déviances de l’Église et de ses prêtres qu’elle soustraie à la justice grâce aux "clubs". On est très loin de la légèreté et de l’optimisme de No. Ici, tout est sombre, malade, corrompu. Le cinéaste chilien voile d’ailleurs l’image de filtres, tourne à l’aube ou au crépuscule et baigne l’ensemble dans un flou dans lequel le scénario maintient longtemps le spectateur. Et quand un coin de voile se lève, le malaise est vertigineux – à la hauteur des enjeux. Avec sa mise en scène hautement symbolique (les incroyables confessions face caméra ne sont que la part la plus forte d’une esthétique hantée par l’imagerie chrétienne), Larraín dénonce la corruption d’une institution, met la foi à l’épreuve, place des consciences torturées face à leurs actes. Pourtant, aucun damné n’est condamné. La morale, comme l’image, reste floue.
Toutes les critiques de El club
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Réalisé en quatrième vitesse, néanmoins cinglant et plus bizarre que jamais, ce film, disons-le tout net, tinte de toutes les breloques pendues ces dernières années au revers de certains dignitaires de la sainte Eglise apostolique et romaine, au premier chef celle de la pédophilie.
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Pablo Larrain n’aime vraisemblablement pas les Chrétiens car il en tire un portrait au vitriol (...) Avec El Club, film malaisant sur la culpabilité, la (l'Eglise ndlr) voilà habillée pour l’hiver.
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Dur, austère et vénéneux, El Club est un remarquable réquisitoire.
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A l'instar de la lumière sourde et crépusculaire, couleur d'algues, de béton et de pluie, qui baigne chaque image, tous les antihéros de ce conte implacable sont gris, ignobles et poignants, pathétiques et infiniment seuls, si dérisoires qu'ils en sont parfois comiques.
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. Le Chilien Pablo Larrain sait écrire et filmer. Toutes les séquences sont effrayantes, mais la mise en scène réussit à rendre le récit supportable. Glaçant.
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Évitant une approche spectaculaire ou édifiante, Larrain insiste surtout sur la trivialité du contexte et des événements. Décapant jeu de massacre en demi-teintes grisâtres.
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Au final, si El club se refuse à chercher la polémique, ce savoureux brûlot met le doigt là où cela fait mal, très mal.
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Le propos du film serait insupportable si le réalisateur de «Tony Manero» regardait ses personnages de haut : il n’en est rien et les rires que le film convoque parfois sont si grinçants qu’ils provoquent immédiatement le malaise.
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Malgré la qualité de sa mise en scène, il peine à trouver le ton juste (...) Trop glauque. Pas assez dérangeant.
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Larraín, ennemi de la haute définition qu’il taxe de “virus”, a employé des lentilles russes du début des années 60 et des filtres. D’où une tonalité assez… soviétique. Cela a pour vertu, ou défaut, selon le point de vue, de rendre le tableau plus archaïque, trivial, voire sordide.
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Scandé par la musique glaçante du compositeur estonien Arvo Pärt, le récit préfère, au procès sans appel des prêtres pédophiles, l’ambiguïté distillée dans toute son opacité.
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(...) étonnant contraste entre le contenu, formidable, et la mise en forme, laide. Drôle de choix.
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El Club est drôle, d’une drôlerie presque paradoxale, comédie noire où le comique tend à l’emporter sur la noirceur.