Première
par François Léger
fait divers. Il adopte cette fois le point d’une enquêtrice de l’IGPN (Léa Drucker), confrontée à une potentielle bavure de la BRI : un tir de LBD ayant blessé grièvement un jeune homme, dans le contexte d’une manifestation tendue. Alors que les flics impliqués plaident la légitime défense, elle tente de faire toute la lumière sur cette affaire, quitte à ses mettre ses collègues à dos. Une affaire fictionnelle qui s’inspire évidemment de la réalité, et que Dossier 137 s’obstine à traiter avec une froideur administrative. Un cinéma de bureaux, de formulaires à remplir, de scènes d’interrogatoire sans éclats… Ballet paperassier parfois ponctué d’éléments de thriller mous, se résumant à des filatures entre deux rayons de supermarché ou dans les couloirs du métro. Le dispositif, saugrenu, trouve vite ses limites, tant dans l’incarnation (même si Léa Drucker, assez impeccable, parvient à s’extraire de cette mécanique) que dans le traitement des violences policières et d’une institution qui s’auto-protège : si le spectateur aura peu de doute sur la culpabilité des agents, le film joue à l’évidence la prudence pour éviter de se faire taxer d’anti-flics. Moll remet donc la balle au centre, refuse une opinion claire et force Dossier 137 à tenter d’embrasser une fonction de réconciliation entre la France des ronds-points et celle des flash-balls. Un costume bien trop grand à porter.