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Au petit jeu de la fiction chorale, la cinéaste s'abîme parfois dans les clichés psychologiques et une certaine emphase symbolique. Plus que jamais, un petit shampoing vaut mieux qu'un long discours. Et les meilleurs moments de Caramel (les scènes dans l'institut de beauté) démontrent avec élégance que la cinéaste sait capter les grands tout dans les (faux) petits riens. Inégal, soit, mais prometteur.
Toutes les critiques de Caramel
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
- Le Mondepar Thomas Sotinel
Les trajectoires des cinq femmes se déploient avec une grâce un peu languide, et dans les intervalles qui séparent les quelques morceaux de bravoure comique (Jayale préparant la chambre d'hôtel miteuse qui doit abriter ses amours), s'insinuent le désespoir et la frustration qui font ombrage à ces vies. Pour ces cinq rôles, Nadine Labaki a choisi des femmes qui n'étaient pas actrices. Ou qui ne savaient pas qu'elles étaient actrices. Car il n'y a rien de naturaliste dans leur façon de jouer, excessive, démonstrative et séduisante. C'est aussi ce quintet qui fait de Caramel un moment à part.
- Paris Matchpar Alain Spira
Variation libanaise du célèbre Vénus Beauté (institut) de Tonie Marshall, ce joli film croque avec vivacité les portraits d'êtres sans fard malgré le maquillage. La réalisation s'efface devant l'interprétation énergique des comédiennes, qui font que ce caramel est tour à tour, sucré et...amer.
- Fluctuat
Cinq femmes se croisent, échangent, partagent leur joie de vivre et leurs doutes dans un institut de beauté à Beyrouth. Chacune a son secret, synonyme de douleurs cachées. Au fil des brushings et des épilations, elles se confient et cherchent des réponses à leurs angoisses. Elles sont toutes dans une quête d'un bonheur qui ne leur colle pas à la peau comme le caramel qu'elles utilisent en guise de cire.
- Exprimez-vous sur le forum CaramelOn fait connaissance avec Layale et l'on découvre que malgré son regard envoûtant elle souffre en amour comme une ado éconduite, Nisrine et son secret qui la ronge, Rima et ses questions sur sa troublante attirance pour une cliente, Rose et son dévouement qui l'empêche de retrouver l'amour, et Jamale qui malgré ses cinquante ans bien sonnés cherche toujours à avoir l'apparence d'une lolita.Le poids de la traditionSi ces femmes sont angoissées c'est qu'elles sont soumises à une forte pression sociale qui les tourmente au quotidien et les empêche d'être elles-mêmes.
Cette mosaïque de portraits permet à la réalisatrice d'aborder des thèmes forts concernant la situation des femmes au pays du Cèdre.
Nadine Labaki dénonce les coutumes qui brident les femmes dans leur quête du bonheur mais ne blâme pas pour autant les traditions qui font que le Liban est un pays si complexe à cheval entre l'Orient et l'Occident, l'Islam et le christianisme. On sent qu'elle est attachée aux contradictions de sa terre et qu'elle a conscience que c'est cela qui fait son identité. Du coup la critique des moeurs a plus de relief car elle provient d'une personne qui aime son pays et qui n'émet pas de jugement de valeur, elle met seulement en lumière certaines absurdités culturelles. A l'intérieur de ce tableau la religion n'a qu'un rôle secondaire, ce n'est pas elle la cause des tracas des héroïnes.
Dans cet institut elles sont protégées des hommes, de la tradition et des contraintes. Elles montrent leur vrai visage et n'ont plus peur d'exprimer leurs désirs, c'est un havre de paix, chose précieuse dans ce pays qui vit sous tension depuis plus de 30 ans. Les stigmates des guerres passées sont bien présents, que ce soit à travers l'état des routes ou la présence des militaires en ville, on sent que le passé pèse sur les relations entre les Libanais.Histoires de femmesUne complicité féminine se dégage de ce lieu, et les religions de chacune sont vite oubliées, qu'elles soient chrétiennes, musulmanes, lesbiennes ou âgées, peu importe ce sont des femmes confrontées aux même problèmes. Le rapprochement avec Vénus Beauté (Institut) de Tonie Marshall est tentant mais pas pertinent. Bien que le cadre soit le même, des femmes se parlant de leurs histoires dans institut de beauté, les thèmes sont abordés d'une manière totalement différente dans Caramel, et le contexte politique et social du Liban donne une force supplémentaire au film.
Parfois le récit manque de rythme mais la spontanéité, et la sensualité toute en retenue que dégagent ces actrices, amatrices pour la plupart, sont des arguments suffisants pour avoir envie de garder le fil de l'histoire.
Une semaine après la fin du tournage, Beyrouth était de nouveau sous les bombes. En nous montrant ces femmes, Nadine Labaki nous montre une des plus belles faces du Liban. Caramel
Un film de Nadine Labaki
Avec Nadine Labaki, Yasmine Elmasri et Sihame Haddad
Sortie en salles le 15 août 2007[Illustrations : © Bac Films]
Le JDDpar Barbara ThéateOn trouve dans le film de Nadine Labaki quelque chose de Vénus Beauté (Institut), avec des clientes qui se mettent à nu pendant l'épilation. Il y a aussi de l'Almodovar dans l'univers très coloré du salon, ces portraits de femmes à la fois fortes et fragiles, le ton balançant entre tristesse et drôlerie, les coups d'ongles vernis contre le machisme et l'intolérance. Un caramel d'une jolie douceur.
Téléramapar Juliette BénabentCe Vénus beauté beyrouthin n’est pas sans faiblesses : parfois démonstratif (la quête sans fin de Layale pour trouver une chambre d’hôtel alors qu’elle n’est pas mariée), il manque surtout d’une histoire plus forte que les autres, qui agrégerait les pièces du puzzle. Mais malgré la sensation d’éparpillement, les portraits sonnent juste et livrent, comme un écho, toute la tendresse et l’agacement qu’éprouve Nadine Labaki pour son pays.