Première
par Elodie Bardinet
Depuis que Michael Bay s’est attaqué à la franchise Transformers, en 2007, chaque épisode se voulait plus spectaculaire que le précédent. Plus long et plus bruyant, aussi, le grand spectacle devenant le mot d’ordre de cette franchise qui peut être déclinée à souhait dans différents lieux et époques. Après cinq films qui ont connu chacun un gros succès au box-office, mais dont les derniers ont moins marqué les critiques, le réalisateur est passé producteur des futures déclinaisons de sa franchise inspirée de la gamme de jouets de Hasbro. Sans surprise, le très populaire Bumblebee est ainsi le premier à avoir droit à son spin-off. En cas de succès, la Paramount en prévoit beaucoup d’autres…
Cette déclinaison vaut-elle le coup ? Tout dépend de ce que vous attendez d’un blockbuster Transformers. Davantage destiné aux enfants, cet épisode joue à fond la carte de la nostalgie des années 1980. Après les héros de Strangers Thingsou ceux de Ready Player One, c’est donc au robot jaune de découvrir les années 1980, sa musique pop et ses films cultes, Breakfast Cluben tête. Des références assumées, à défaut d’être originales : le classique de John Hugues est devenu un clin d’œil inévitable, dès qu’il s’agit d’aborder cette décennie.
Trop d’explications
L’action se déroule donc en 1987. Fuyant sa planète Cybertron après une attaque (durant laquelle les Transformers n’ont jamais autant ressemblé à des jouets, ce qui rappelle la série animée de l’époque, c’est l’une des belles idées du film), Bumblebee se cache sur Terre. Sa rencontre avec la jeune Charlie (Hailee Steinfeld) va bouleverser ses plans. Se changeant en Coccinelle, le robot sympathise avec l’adolescente amatrice de mécanique, qui peine à faire le deuil de son père. Une approche plus douce que lors des précédents opus : cette relation est véritablement au cœur du film, le réalisateur prenant le temps de s’attacher au duo à l’aide d’une succession de scènes touchantes et rigolotes, avant de les plonger en pleine action. La comédienne vue dans True Grit et Pitch Perfect 2 est excellente, et prouve qu’elle a largement les épaules pour porter ce type de blockbuster. Dommage que le reste soit trop téléphoné pour complètement fonctionner. Le film ne va cesser de nous expliquer les origines de Bumblebee, un peu à la manière de Solo qui répondait à toutes sortes de questions qu’on ne se posait pas : d’où lui vient son surnom, comment a-t-il perdu l’usage de la parole, comment a-t-il appris à communiquer à l’aide de son autoradio etc. Un procédé qui permet aussi à la scénariste Christina Hodson (qui est en train d’écrire Birds of Prey, le film sur Harley Quinn) de citer explicitement le premier Transformers, qui était jusqu’ici le préféré des fans, ce qui est tour à tour sympa (la scène où le héros sème le chaos dans le salon) et trop répétitif/explicatif. Sans détailler, la toute fin du film est bizarrement construite : un plan a clairement été créé pour faire plaisir aux fans, mais le jugeant visiblement trop peu évident, il est explicité quelques instants plus tard, au début du générique…
Action molle
L’autre point faible de Bumblebee, c’est que si l’héroïne est assez travaillée pour toucher le public, les personnages secondaires sont plus clichés : le petit frère tête à claques, la maman en crise avec son ado, le beau-père dépassé ou le voisin amoureux fou, mais maladroit, sont moins bien écrits que la jeune fille, ce qui crée un décalage de ton assez maladroit. Enfin, à part en ouverture, Steven Knight ne parvient jamais à impressionner avec ses séquences d’action. Loin de proposer des combats aussi fluides que Michael Bay, il manque d’ambition dans sa mise en scène, proposant des mouvements de caméra lambda, qui suivent ses personnages de façon pas toujours claire. Résultat, cela fait ressortir le côté faux des combats, créés à 100% en numérique. C’est d’autant plus dommage qu’il était attendu dans ce domaine, ayant percé dans l’animation chez Laika, notamment grâce à Kubo et l’armure magique (2016), acclamé par les critiques.