Ben X

Le tour du sujet est effectué le temps de voir Greg Timmermans jouer l'autiste. Sa mine de chien battu résume le problème à une somme: détresse affective + bizutage = fuite. Il ne fallait pas être grand clerc pour comprendre. On se raccroche donc à la dramaturgie ou à la réalisation. La première tourne autour du pot en promettant une tragédie. la seconde aligne clichés et mauvais goût quand il s'agit de mêler le grain du film et le pixel des jeux vidéos.

Sans en faire des tonnes, sans pathos ni morale à deux sous, le réalisateur nous fait partager sa souffrance, sa perception exacerbée du monde. Violent, cru, imprévisible, astucieux, ce film flamand, inspiré d'une histoire authentique, prend l'autisme comme symbole pour pourfendre l'intolérance.

La voix off de Ben qui étonne par sa lucidité, les témoignages de son entourage, la présence lumineuse d’une jeune fille (réelle ou virtuelle ?) et surtout le va-et-vient du garçon entre la réalité et son environnement virtuel rassurant donnent une tonalité particulière et originale à ce film, docu-fiction inspiré d’événements vrais et encore plus tragiques. Plus que de l’autisme, le film de Nic Balthazar traite de la différence, du respect des autres, avec originalité et énergie, sans oublier l’interprétation sobre et très convaincante de Greg Timmermans.

C'est un petit film sombre, réaliste, abordant des questions aussi délicates et douloureuses que celle du harcèlement dans les cours de lycée.