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Après la mort d’un jeune de la cité, une bande investit le commissariat du coin pour prendre des armes et un car de police. Mais cette embardée s’arrête vite et le western urbain devient film de siège, avant de muter une dernière fois. Car les trois frères de la victime vont se déchirer sur la réponse à apporter a meurtre. Et « le malheur est en marche » comme disait Sophocle. Athena n’est pas La Haine ou Les Misérables 2 : Gavras n’a pas fait un énième film sur la banlieue, ni un film de banlieue, mais, comme il le revendique, une tragédie. Unité de temps, de lieu et d’action, tout y est, surtout les thématiques. Sur la dépouille encore fumante du frère, se noue donc le drame familial, désaccord fatidique qui menace d'entraîner dans son sillage la ruine de la famille, de la cité mais aussi, de la patrie et du monde. La claque, c’est évidemment la manière dont le cinéaste déploie la dimension mythologique du conflit dans des décors ultra quotidien et super réalistes. Les stéréotypes (sur les fils d’immigrés, la radicalisation, les flics, les jeunes) sont écartés, et, en brouillant tous les repères, Gavras finit par toucher une forme d’abstraction théâtrale puissante. Mais si son portrait de frangins insurgés joue sur cette radicalité, il en constitue sa limite aussi. On regrettera qu’il rajoute des personnages périphériques qui finissent par dissoudre le point de vue « politique », diluant le discours initial jusqu’à une scène finale qui impose une relecture du film qu’on aimerait questionner.