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La théorie est séduisante, suggérant que William Shakespeare ne serait que le prête-nom d’un noble du XVIe siècle, à qui la bienséance et la prudence interdisaient de s’adonner à l’écriture. Thèse invalidée par la majorité des historiens mais digne des meilleures pièces de l’auteur d’Hamlet. (...) Très bien, mais que vient faire Roland Emmerich (Godzilla, 2012) dans tout ça ? Lui, le réalisateur-scénariste de films catastrophe plus ou moins indigestes. Lui encore, le Spielberg du pauvre, tout juste bon à inonder l’écran de vagues ou de monstres numériques. N’en jetez plus car, avec Anonymous, le cinéaste allemand prouve qu’il est capable de sublimer un beau sujet et de faire vivre des personnages complexes sur la durée. Il est aidé dans sa tâche par des acteurs en état de grâce : Rhys Ifans n’a jamais été aussi séduisant ; David Thewlis s’est rarement montré aussi retors ; l’immense Vanessa Redgrave, elle, joue sans fard (dans tous les sens du terme) devant une caméra traqueuse de rides disgracieuses. Emmerich, pour sa part, met enfin sa science des effets numériques au service de l’histoire, délivrant ici et là des plans graphiques majestueux. Il était temps que lui aussi révèle sa vraie nature, celle d’un artisan aussi appliqué qu’inspiré.
Toutes les critiques de Anonymous
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Anonymous compte aussi la présence de Roland Emmerich à la mise en scène, soit le réalisateur le moins subversif de la planète cinéma. Sous couvert de modernité, ce dernier applique à l'Angleterre élisabéthaine la grosse artillerie symptomatique de son style depuis Independance Day. Logiquement, le film hésite constamment entre la finesse british de son casting et les effets plutôt boursouflés de sa mise en scène. N'est pas Baz Luhrmann qui veut...
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Rolland Emmerich, maître des Blockbusters et des effets spéciaux, effectue un virage à 180° en s'essayant au film d'époque en costumes. Pari gagné : il signe une tragédie captivante avec son lot de mensonges, de trahisons, et de passions interdites, digne de l'auteur de Hammlet.
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(...) Un thriller shakespearien puissant et sulfureux.
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A priori, ANONYMOUS relève du drame, celui d’un homme mis jeune sous tutelle à la Cour, et dont la condition lui interdit tout accomplissement par l’écriture. On tolère que le peuple s’adonne au théâtre (si ça peut le distraire), mais pas la noblesse (appelée à montrer l’exemple), tant cet art est considéré comme frivole et souvent mensonger. Pourtant, au-delà de ce portrait délicat, servi par la grande intensité de Rhys Ifans, il y a le thriller politique. Le théâtre comme catalyseur, le complot se noue peu à peu, révélant de mesquines motivations débouchant sur des enjeux vitaux. Roland Emmerich écoute alors aux portes des scélérats de la Cour, dévoile la petitesse des puissants, tricote une toile qui étouffe sous leur propre vilénie une véritable bande d’enfoirés aux cheveux gras et aux postillons acides. Il tire à vue sur l’obédience contrite et fait l’éloge de l’épanouissement par le verbe éclairé et l’abnégation. Vocation des plus séduisantes, théorique certes, mais captivante, que le réalisateur allemand emballe dans un film à très grand spectacle (on le reconnaît bien là). Et puisqu’il traite de la beauté de la pensée libre, il opte pour l’amplitude des vues de haut, s’attarde sur la beauté élisabéthaine, recréant un Londres grandiose… Qu’il n’oublie pas de rouler dans la boue ou de mettre à feu et à sang. Par sa mise en scène parfaite, un sens pictural qu’on ignorait de lui, il fait enfin de la Cour le théâtre de tous les péchés ou une prison de l’intellect… Le tout est un miracle visuel (notamment rendu possible par les fonds verts qu’il maîtrise si bien), mêlant gracieusement l’historique et le technologique. Un paradoxe qu’on retrouve jusqu’à la distribution, dont chaque acteur, arborant un visage typique de la National Portrait Gallery, dégage une énergie résolument contemporaine. Une telle concentration de talents, c’en est presque indécent.
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Le plaisir du cinéaste à évoluer dans un univers fait d'intrigues et de révolutions de palais se communique à cette fresque ludique à 200%. (...) Il signe son œuvre la plus aboutie avec ce film qui fait sauter de joie les cellules grises en mettant un grand coup de pied dans une institution.
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Derrière son goût pour la série B pachydermique, le cinéma de Roland Emmerich cache une passion plus fine pour l'Histoire. En filmant celle de Shakespeare, l'auteur de 2012 ose un pari fou qui lui ressemble. Casse gueule et un peu aberrant, mais pourquoi pas ?
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Très divertissant (double inceste ! méchant bossu !), le film ne déplore aucune victime du côté des bâtiments. Chapeau Roland.
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Emmerich, spécialiste des films catastrophes, s'est plongé dans ses livres d'histoires pour évoquer l'une des controverses entourant Shakspear. Trois cent costumes et décors grandioses pour une grande fresque lyrique qui en jette.
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Rhys Ifans est particulièrement bon dans le rôle du dramaturge caché. On regrettera juste cette atmosphère sirupeuse, digne des plus belles envolées clipesques de Laurent Boutonnat quand il filme Mylène Farmer.
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Cette théorie a été combattue avec des arguments sérieux, mais Emmerich esquive le débat. Au lieu de creuser les énigmes et les contradictions de ce micmac littéraire potentiel, il enchaîne les intrigues chargées de toutes sortes de thèmes shakespeariens. Visuellement séduisant - il lorgne beaucoup sur la série à succès Les Tudor -, le film ne tient pas debout.
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Quelle était l'identité véritable de l'auteur d'«Hamlet»? Une plongée dans l'univers tumultueux de l'époque élisabéthaine.
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Plus une romance sur la reine Elisabeth et le comte d’Oxford qu’une refléxion historique sur la paternité des oeuvres de Shakespeare, ce Roland Emmerich atypique est surtout obsédé par sa propre esthétique. Une curiosité néanmoins.