Première
par Frédéric Foubert
Quelque part entre le Blier des Acteurs et le Leconte des Grands Ducs, Edouard Baer réunit une poignée de cabots plus ou moins vieux (Arditi, Prévost, Poelvoorde, Damiens…) pour un huis-clos gastronomique et ruminatif. Rires étranglés, digressions éthyliques marinant dans l’amertume… L’hommage aux comédiens portraiturés ici se savoure aussi comme l’élégie d’un Paris disparu, peuplé de saints buveurs et de fanfarons sublimes. Comme souvent avec l’auteur d’Akoibon, le film s’égare, s’éparpille, malgré quelques belles idées – le running-gag (très triste) d’un Depardieu incapable de sortir de chez lui, ou l’image de cette dame-pipi écoutant en boucle des émissions sur De Gaulle et Pétain. On sourit, tout en se disant que Baer n’a pas encore réalisé le grand œuvre cassavetien, à la Husbands (déchaîné, ivre mort, affranchi de toutes les conventions), qu’il a sans doute en lui.