- Première
Abdellah aime les couleurs chatoyantes et les danses provocantes. Son Maroc à lui fait plus ambiance Rio de Janeiro, d’où son surnom Abdelinho. En construisant son récit autour du choc entre cet animateur de samba allumé et un télévangéliste intégriste illuminé, Hicham Ayouch ne fait pas dans la demi-mesure. D’un côté le fanatique venu sauver le pays des mécréants qui dansent sur la « musique du Diable » ; de l’autre le héros des temps modernes venu le libérer de ses doctrines musulmanes conservatrices. Sans compter qu’au milieu de ce joyeux chaos, notre Brésilien (de cœur) tombe amoureux d’une héroïne de télévision. Mais l'interdit et l'inaccessible finissent par perdre de leur charme dans de trop nombreuses scènes qui sonnent comme le rendez-vous quotidien d’un mauvais feuilleton brésilien. À trop vouloir confronter les mœurs de ces deux cultures, Ayouch tombe dans un antagonisme caricatural au cœur d'une intrigue façon télénovela mal ficelée qui ne permet jamais à cette comédie légère et colorée de se hisser à la hauteur de la satire sociale ambitionnée.
Lou Hupel