Première
par Bernard Achour
Dès le générique, une merveille de malice et d’inventivité graphique signée Geronimo, on sent qu’il se passe « quelque chose ». Pourtant, il faudra attendre vingt bonnes minutes pour que cette intuition se vérifie. Mais, à partir du moment où Elsa établit pour de bon le contact avec Mathieu, une sorte d’effet silex fait instantanément jaillir une étincelle qui illuminera le film jusqu’à sa dernière image. Comme galvanisé par la rencontre de ses deux figures centrales, le metteur en scène Xabi Molia trouve alors une grâce, une inspiration visuelle (la séquence de la cabine téléphonique), une musique verbale et un ton aussi charmeurs que personnels, aussi cocasses que poignants, au point d’atteindre par instants une certaine forme de noblesse. Car c’est bien de noblesse dont il s’agit ici, cette dignité affective et sociale que doivent reconquérir les laissés-pour-compte d’une France indifférente aux gens de peu, que le regard du cinéaste transforme progressivement en superhéros du quotidien. Politique, 8 Fois debout l’est assurément, sans didactisme ni indignation surlignée, mais son étoffe volontiers romanesque est surtout humaine.