Pippo Delbono est un acteur et metteur en scène italien.Il se forme en tant qu'acteur avec Igen Nagel Rasmussen, membre de l'Odin Teatret et disciple d'Eugenio Barba. Cet apprentissage se fonde sur des trainings d'acteurs précis qui s'inspirent des techniques des arts martiaux asiatiques et de rituels orientaux. Celui-ci vise à libérer le mouvement et à atteindre une parfaite maîtrise de son corps, de son énergie intérieure, composée de tensions et de relâchements, qui sont autant de réseaux de forces à ressentir.Delbono explore dans ses spectacles et avec chacun des membres de sa compagnie la façon d'allier maîtrise technique et fragilité d'une présence sur scène. Il fonde sa propre école La dansa del teatro en 1993.En 1987 il crée Il tempo degli assassini (Le temps des assassins) avec Pepe Robledo, les deux hommes débutent alors une longue collaboration qui se poursuit encore aujourd'hui. Le spectacle est présenté au festival de Santarcangelo connu en Italie pour une programmation audacieuse et corrosive en matière de théâtre contemporain. 500 représentations sont comptées à ce jour. Lors de la tournée en Allemagne, ils rencontrent puis participent au travail de la chorégraphe allemande Pina Bausch pendant quelques mois, ce qui influencera durablement leur rapport au théâtre.Découvrant puis éprouvant sa séropositivité dans les années 90, Delbono se tourne alors vers ce qu'il qualifie comme étant « d'autres formes d'humanités » en intégrant notamment dans sa compagnie, Nelson Larricia, un ancien SDF, Gianlucca Ballare, un jeune homme trisomique, et surtout Bobo, un petit homme hydrocéphale ayant passé 50 ans en asile psychiatrique. Il retrouve étrangement chez Bobo la précision des acteurs de Barba, une étonnante capacité à être entièrement investi dans le moindre de ses gestes et donc ancré dans un présent intense. La poésie de ses gestes et son humanité font de lui le partenaire privilégié du metteur en scène.Le corps, dans les spectacles de la compagnie est donc visible sous toutes ses formes, des plus étonnantes au plus refusées par notre société. La compagnie semble poursuivre une croisade pour la beauté de la différence, du bancal et du disharmonieux. Pippo Delbono crée Enrico V d'après Shakespeare en 1992, La Rabbia dédié à Pier Paolo Pasolini en 1995, Barboni (clochards) en 1997, Guerra en 1998, Esodo en 1999, Il Silenzio en 2002, réalise un film Guerra en 2003, et présente Urlo au festival d'Avignon en 2004, ce qui va asseoir sa réputation en France et plus largement sur les scènes internationales. En 2008, il présente Questo buio feroce qui met en scène le rapport de l'artiste à la maladie et à la mort.Pippo Delbono écrit son théâtre à la première personne, il est présent sur la scène, accompagnateur ou grand ordonnateur passionné, et raconte dans le souffle et la sueur des moments de sa vie, des fragments de ce monde tendre et cruel, ridicule et drôle. Ces spectacles sont autant d'appositions de tableaux à l'esthétique souvent baroque, profusion d'images et de mouvements, qui font échos aux univers oniriques de Federico Fellini comme à la commedia dell'arte italienne.Pippo Delbono rêve d'un théâtre résolument populaire et profondément humain qui pourrait de par son ancrage dans la chair et les sens se transmettre à tous.