Phil Spector

Phil Spector est musicien, mais ce n'est pas son art de manier les instruments qui l'a fait connaître. Non, c'est pour un travail de l'ombre, dont on parle peu habituellement, celui de producteur qu'il est devenu une véritable star.  Arrivé dans la musique en tant qu'auteur, guitariste et chanteur au sein du groupe The Teddy Bears qui sévissait en 1958 du côté de Los Angeles, il traverse bien vite les Etats-Unis pour rallier New York et se consacrer aux jobs de songwriter et de producteur. Il obtient ses premiers succès à la console du groupe féminin The Ronettes (au sein duquel il trouve sa femme, Ronnie Bennet) pour qui il met en boîte le hit "Be my baby", qualifié par Brian Wilson des The Beach Boys de "meilleure chanson de tous les temps".  Le son de Phil Spector détonne, tous les morceaux sur lesquels il s'est penché ont quelque chose en plus... Le secret du grand Phil : le Wall of Sound (mur du son). Cette technique révolutionnaire d'enregistrement qu'il a lui-même mise au point, consiste à fondre en une seule toutes les pistes instrumentales d'un morceau, conférant à l'ensemble une puissance jamais entendue. Après les Ronettes, Spector fait passer au Wall of Sound, The Crystals, The Righteous Brothers, Ike & Tina Turner entre autres et leur offre à chacun leur lot de tubes. A vingt cinq ans à peine, Phil Spector connaît la consécration quand le grand John Lennon fait appel a son "génie musical", selon ses propres dires pour produire le dernier album des The Beatles, Let it be (1970). Autant Paul Mc Cartney n'est pas fan de la patte Spector, autant Lennon lui approuve, reconduisant leur collaboration pour ses albums solo John Lennon/Plastic Ono Band (1970), Imagine (1971) et Rock'n'Roll (1975).  Auréolé de tubes, Phil Spector, riche comme Crésus décide de s'octroyer une retraite anticipée dans son luxueux palais, mais bien vite il sombre dans une folie excentrique doublée de cyclothymie. Il ne se remet à la production que très sporadiquement, comme en 1980 où il refait surface pour enregistrer l'album End of the Century des Ramones. Malheureusement la séance tourne vite au vinaigre et le groupe, devant la folie de Spector qui ira jusqu'à les menacer d'une arme, se voit obligé de terminer le disque seul. Dans les années 2000, Phil Spector fait un retour remarqué, en bien comme en mal, en produisant courant 2003 deux chansons de la révélation pop rock Starsailor, puis en étant accusé du meurtre de l'actrice Lana Clarkson, retrouvée morte à son domicile de L.A. Après un procés en 2007, puis un autre en 2008, Spector est reconnu coupable d'homicide involontaire en mai 2009.  Lire : Phil Spector, premier génie dérangé du rock, la preuve en 10 faits