Nom de naissance Fleisser
Genre Femme
Avis

Biographie

Troisième enfant d’Heinrich et Anna Fleisser, Marieluise Fleisser voit le jour le 23 novembre 1901 à Ingolstadt en Allemagne. Mi-anges protecteurs, mi-démons destructeurs, les hommes joueront un double rôle tant dans sa vie de femme que dans sa carrière de dramaturge et écrivain. Sa mère aurait préféré avoir un garçon, mais Marieluise Fleisser sera chérie par son père, propriétaire d’une quincaillerie, dont elle était la préférée. C’est ainsi qu’elle est dispensée de toutes les tâches et responsabilités purement « féminines » et envoyée dans un couvent pour y préparer ses études universitaires. L’empreinte des ces années est parfaitement traduite dans son œuvre Ballad of the Young Lady from a Catholic School où elle déclare : « Tout ce que j’ai appris là bas est mauvais pour ma vie, je fus élevée pour obéir et ils m’apprirent à ne rien révéler de ce que je ressentais ou ce que je voulais ». En 1919, elle entreprend des études universitaires de théâtre, de littérature allemande et de philosophie à Munich. Elle loue alors une chambre meublée à Schwabing, dont les dépenses lui laissent à peine de quoi vivre. Deux personnalités auront une grande influence sur elle à ce stade de sa vie; l’écrivain Lion Feuchtwanger et le jeune Bertolt Brecht qui deviendra également son amant. Tous deux, mentors et fervents supporters de la jeune dramaturge, l’encouragent à écrire dans un style tout nouveau, la Nouvelle Objectivité. A la fin de l’année 1924, alors que ses histoires commencent à être publiées et qu’elle entame secrètement un drame, elle est obligée de retourner à Ingolstadt afin de calmer la colère de son père, déçu par son orientation, lui qui souhaitait la voir embrasser une carrière d’enseignante. Bertolt Brecht, qui demeure pourtant son aide la plus précieuse dans la publication de son travail et de ses deux premières pièces de théâtre (Purgatoire à Ingolstadt en 1924 et Pionniers à Ingolstadt en 1926), a plutôt un effet désastreux sur sa carrière et sa vie. Profitant de l’admiration qu’elle lui voue, il la manipule afin de servir ses propres intérêts. Sa seconde pièce, Pionniers à Ingolstadt, est écrite sous la pression de Brecht et révisée par ses soins pour sa représentation à Berlin (1929), de manière à provoquer la police et les censeurs. Le scandale ne tarde pas à éclater causant la rupture, inévitable, avec Brecht et celle, amère, avec sa ville natale où elle n’est plus appréciée et d’où son cercle familial la bannit. Elle épouse alors le poète et journaliste conservateur Hellmuth Draws-Thychsen dans l’espoir de retrouver un peu de sécurité et d’équilibre. Il n’en est rien. Draws, excentrique et exigent à l’extrême, l’isole et la maltraite, l’empêchant de s’assumer financièrement, lui ôtant ainsi toute confiance en son talent d’écrivain. Elle n’écrira plus rien pendant des années. En 1932, suite à une tentative de suicide, Fleisser retourne à Ingolstadt. En 1935, le régime nazi lui interdit officieusement d’écrire, lui permettant de publier uniquement six feuilletons par an. Elle convole alors, par désespoir, en secondes noces avec Joseph Haindl, marchand de tabac et nageur de compétition. Ce dernier l’usera à la tâche en la surchargeant de travail dans son magasin en plus de toutes les tâches ménagères l’empêchant ainsi, à son tour, d’écrire. Hospitalisée en 1938 suite à des hallucinations et une dépression nerveuse, Fleisser trouve la force de survivre et est plus déterminée que jamais à écrire. Elle écrit deux drames et quelques histoires courtes dans les années 40, en dépit de toutes les privations engendrées par la guerre. Étouffée dans un mariage de plus en plus insupportable, elle envisage, dans le début des années 50, d’accepter l’aide de Brecht qui lui propose de déménager avec lui à l’est de Berlin, mais elle ne se résoudra jamais, en fin de compte, à quitter son mari souffrant. À la mort de celui-ci en 1958, des suites d’une attaque cardiaque, Fleisser se décide pourtant à reconstruire sa vie et surtout sa carrière grâce, encore une fois, à quelques hommes assez célèbres, Rainer Werner Fassbinder, Martin Sperr et Franz Xaver Kroetz. Avec leur aide, la carrière de la dramaturge connaîtra un réel sursaut au début des années 70. Marieluise Fleisser décède le 2 février 1974 dans sa ville natale.