Harry Baur

Harry Baur, de son vrai nom Henri Marie Baur, naît à Montrouge de parents d’origine alsacienne et catholiques le 12 avril 1880. Son père était bijoutier horloger mais meurt alors qu’Harry n’a que 10 ans des suites d’un cambriolage de sa boutique. Sa mère le place alors dans une école catholique. Il suit des études secondaires au collège de Saint-Nazaire, puis fuyant le domicile familial, arrive à Marseille où il fait l’école d’hydrographie pour devenir marin tout en suivant en parallèle des cours de comédie au Conservatoire. Harry Baur décroche les premiers prix de tragédie pour Le Cid et de comédie pour l’Avare.Il monte ensuite à Paris, trouve dans un premier temps quelques engagements deci delà mais rapidement se fait connaître et à partir de 1904 joue sur de nombreuses scènes de théâtres parisiens comme les Fantaisies Parisiennes, les Mathurins, puis le Grand Guignol, et le Palais Royal. Il fait également du cinéma du temps du muet et apparaît dans un certain nombre de films comme La Légende Du Bon Chevalier (1909) de Victorin-Hippolyte Jasset, L'Assommoir (1909) de Marcel Carné d'après le roman d’Emile Zola, L'Evasion de Vidocq (1910) de Georges Denola, Shylock (1910) d’Henri Desfontaines, Le Messager De Notre Dame (1910), ou encore La Fille Des Chiffonniers (1912) avec Mistinguett. Au début de la guerre, il est réformé à cause d’un début de paralysie faciale due à la fièvre typhoïde qu’il contracte mais qui ne l’empêche pas cependant de poursuivre sa carrière. Harry Baur, sous le pseudonyme d’Orido de Fhair, participe à la revue Le Crapouillot, alors journal satirique créé par Jean Galtier-Boissière en 1915. A la fin de la guerre, il retourne sur la scène du théâtre où le succès est indéniable. Il cumule les triomphes avec Le Caducée, Le Dieu d’Argile, Le Procès de Mary Dugan ou encore Le Procès d’Oscar Wilde. Il se fait plus rare au cinéma n’éprouvant pas autant de jubilation à jouer mais il est aux côtés de la grande Sarah Bernhardt dans La Voyante de Louis Mercanton (1923) qui joue là son dernier film.Cependant, son plaisir, son énergie et sa notoriété sont décuplés avec l’arrivée du cinéma parlant. Tout en cumulant les succès au théâtre, il redémarre une carrière cinématographique, tout d’abord avec David Golder de Julien Duvivier (1930) dont il est l’acteur fétiche. Il interprète dans ce film un banquier juif laissant libre court à toutes ses émotions et on s’accorde à dire que ce fut le rôle de sa vie. Les plus grands réalisateurs de l’époque se l’arrachent. Il tourne ainsi dans Poil de Carotte (1932) avec Robert Lynen, La Tête d’un Homme (1933) en commissaire Maigret très convaincant, puis la trilogie des Misérables (1934) de Raymond Bernard dans le rôle d'un Jean Valjean époustouflant. C’est une période où il tourne beaucoup, il affiche une filmographie impressionnante sur une période très courte. Harry Baur est souvent en concurrence avec deux autres montures du cinéma français, Raimu et Michel Simon. Ainsi, en 1935, Pierre Chenal le dirige dans Crime et Châtiment en juge puis Abel Gance dans Un Grand Amour de Beethoven en 1936, et encore Robert Siodmak dans Mollenard en 1938 ou Jacques de Baroncelli avec L’Homme du Niger en 1939. Harry Baur tourne avec les plus grands, aux côtés des plus grands.Arrive la guerre et l’Occupation. Harry Baur continue son travail d’acteur mais injustement dénoncé comme juif et communiste, il est arrêté par la Gestapo et torturé. Il sera relâché mais très affaibli, il meurt quelques temps plus tard, le 8 avril 1943 à Paris. Son arrestation reste à ce jour entourée de mystères.Il fut marié en 1910 à Rose Cremer jusqu’au décès de cette dernière en 1930, avec qui il eut trois enfants.Harry Baur reste à ce jour l’un des plus grands acteurs du cinéma d’avant la Seconde Guerre mondiale bien que son nom évoque peu de souvenirs au commun des mortels contrairement à Raimu ou Michel Simon.