Winona Ryder raconte son mal-être après sa rupture avec Johnny Depp
Abaca

"J'avais du mal à prendre soin de moi", se souvient l'actrice de Stranger Things. Alors aujourd'hui, elle met en garde ses jeunes partenaires de la série pour qu'ils veillent à protéger leur vie privée.

La deuxième partie de la saison 4 de Stranger Things sera diffusée à partir du 1er juillet sur Netflix, et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'elle est très attendue. La série cartonne sur la plateforme, mettant en lumière tout son casting, notamment les jeunes interprètes d'Eleven, Will, Max et les autres. A cette occasion, Winona Ryder, qui joue Joyce, se confie dans le Harper's Bazaar sur son regain de popularité gagné grâce au show des frères Duffer,  mais aussi sur les dangers qu'un tel phénomène populaire peut représenter. Elle revient en détails sur son propre parcours à Hollywood, particulièrement mouvementé : enfant, elle était maltraîtée à l'école, puis est devenue une star très jeune, grâce à Beetlejuice et Edward aux mains d'argent, de Tim Burton. Elle a alors rapidement été suivie par les paparazzi, sa vie étant étalée à la une des tabloïds. En particulier lors de sa relation amoureuse avec Johnny Depp, entamée quand elle avait seulement 18 ans. Après les succès de Dracula ou d'Alien : La Resurrection, des films qui ont marqué le public mais dont le tournage a été difficile à vivre pour elle, Winona a connu un long passage à vide. En avril, Arte a mis en ligne un documentaire traitant justement de sa carrière. Intitulé Winona Ryder : une actrice habitée, il dresse un portrait intime surprenant de la comédienne, empruntant au genre du "true crime" pour raconter son mal-être. Alors qu'elle en parle pour la première fois aussi clairement dans les pages du magazine américain, ce docu fait un excellent complément aux extraits traduits ci-dessous.

Winona Ryder, une actrice habitée : à voir en replay jusqu'au 8 juillet

"Wino forever"
"Ce business est brutal, commence Winona Ryder. Vous travaillez constamment, et si vous voulez faire une pause, on vous dit : 'Attention, si tu ralentis, tout va s'arrêter'. Puis, ça ralentit, effectivement. Et là, vous entendez : 'Ce sera impossible de revenir.' Et ça change encore pour : 'Tu ne fais même plus partie de la conversation.' Tout cela a été dur à encaisser." Surtout en commençant sa carrière très jeune et en étant aussi exposée aux yeux du public. L'actrice a vécu cela de plein fouet en tombant amoureuse de Johnny Depp en 1989, alors qu'ils préparaient Edward aux mains d'argent. Leur relation s'est terminée en 1993, et la presse s'est ouvertement moquée d'eux, par exemple quand l'acteur a dû modifier son tatouage "Winona forever" en "Wino forever", ce qui signifie "du vin pour toujours". A la même époque, quand elle filmait La Maison aux esprits, un drame de Billie August dans lequel la jeune fille qu'elle incarne est torturée, elle a compris qu'elle souffrait entre autres de culpabiliser autant alors qu'aux yeux du monde, elle était "Winona Ryder, la star", une femme de talent, qui cartonnait sur tous les plans : professionnel, amoureux, etc. "J'avais du mal à prendre soin de moi, à l'époque. Je me souviens quand on tournait ces scènes de torture dans une prison chilienne. Je regardais mes fausses cicatrices, mes marques de coups sur le visage, et j'avais du mal à me voir moi-même sous ces blessures. Je me suis demandé : 'Pourquoi tu te traites comme cette fille ?' Car c'est exactement ce que je me faisais subir intérieurement. Je me torturais." Elle raconte que sa partenaire Michelle Pfeiffer a tenté de la soutenir : "Elle me disait que ça allait passer, mais je ne l'écoutais pas." Elle dit aussi qu'elle s'en voulait de se sentir si mal : "Je sais à quoi ça ressemble. 'Pauvre Winona !' Mais quand on souffre, on souffre. J'ai mis du temps à comprendre cela. (...) Je n'en avais encore jamais parlé. C'est une partie de ma vie que je garde privée. Au fond de mon coeur, il y a une place spéciale pour cette période. Pour quelqu'un de plus jeune, qui a grandi avec les réseaux sociaux, c'est difficile à décrire." Elle ajoute aussi s'être sentie "comme dans Une vie volée, mais pour de vrai." Dans ce drame sorti en 1999, dans lequel elle partageait l'affiche avec Angelina Jolie, elle jouait une jeune femme si mal dans sa peau qu'elle demandait à être internée dans un hôpital psychiatrique.

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En 2011, quand elle a été prise en flagrant délit de vol dans un grand magasin de Beverly Hills, elle a été la cible une nouvelle fois des tabloïds, de façon encore plus méchante et insistante que quand elle s'était séparée de Johnny Depp. Alors elle a décidé de disparaître. "Je me suis bel et bien mise à la retraite. J'étais à San Francisco, je ne recevais plus aucune offre. Je crois que c'était un break mutuel..." Elle explique alors que depuis son come-back (grâce à Stranger Things, mais aussi à des seconds rôles dans des oeuvres acclamées telles que Black Swan), elle fait attention à protéger ses jeunes partenaires. Sur le plateau de la série, "je veux que les petits comprennent" que leur vie privée leur appartient, même s'ils sont mis en lumière suite au succès fou du show, explique-t-elle. "C'est vraiment inhabituel d'être au coeur d'un tel carton, ajoute-t-elle. Alors je leur répète que 'le travail, c'est ça votre récompense.' Car quand j'avais leur âge, j'avais tant de mal à apprécier le fruit de mon travail." Egalement interviewés pour ce portrait, les frères Duffer confirment : "Elle a parlé aux jeunes de ce que représentait la célébrité et leur a montré à quel point la presse pouvait être source d'anxiété et de confusion. Je crois qu'elle les a vraiment aidés. Je sais qu'elle a spécialement fait attention à Millie (Bobby Brown, l'interprète d'Eleven). C'est quelque chose que peu de gens peuvent décrire, puisqu'une telle expérience arrive rarement. Ce n'est pas quelque chose que moi, je comprends, par exemple. Même un parent ne peut pas bien expliquer cela."

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