Edouard Baer sous le coup de plusieurs accusations #MeToo
ABACA

Le comédien français a fait l’objet d’une enquête de Médiapart, dans laquelle six femmes témoignent.

A l’aune des festivités cannoises, Médiapart publiait un article ramenant l’existence d’une “liste” de professionnels du cinéma concernés par des accusation du #MeToo à l’état de rumeur.

“Mediapart ne publie pas de ‘liste’, écrivait ainsi Lénaïg Bredoux. Quand nous révélons des faits à propos de violences sexistes et sexuelles, comme sur l’ensemble des sujets d’intérêt général que nous couvrons, nous publions des ‘enquêtes’ portant sur des informations recoupées”.

Ces enquêtes “prennent souvent plusieurs mois, au minimum plusieurs semaines,” poursuivait ce papier. L’une d’entre elles, en collaboration avec le média féministe en ligne Cheek, a pris fin, il y a quelques jours : Médiapart a en effet publié un article intitulé “Violences sexuelles : six femmes témoignent contre Edouard Baer”.

Selon cet article, ces femmes “livrent le récit de faits de harcèlement et d'agressions sexuelles sur une période s'étalant de 2013 à 2021”, “majoritairement dans des contextes professionnels”, au théâtre, dans son bureau à Paris, ou encore à la maison de la Radio et à Radio Nova, dont Edouard Baer a assuré la matinale pendant plusieurs années. La personnalité publique serait coupable d’attouchements, de sollicitations répétées et de remarques déplacées sur le physique de ces six voix qui témoignent de manière anonyme.

Cette prise de parole ne va pas plus loin que le témoignage, la peur de se voir confrontée à une situation où “c’est sa parole contre la [s]ienne” expliquant, selon les victimes présumées, qu'aucune plainte n'ait été déposée.

Médiapart et Cheek ont également publié une réaction écrite qu’Edouard Baer leur a fait parvenir. Celui-ci écrit être “profondément désolé” :

"C'est avec stupeur et une grande tristesse que je découvre les témoignages que vous me rapportez. [...] Je ne me reconnais pas dans les mots ou les gestes qui me sont attribués, mais je ne peux qu'exprimer mes regrets que mon comportement ait mis mal à l'aise ou blessé ces femmes."

Une série d’accusations révélée quelques jours après la présentation du court-métrage Moi Aussi de Judith Godrèche à Cannes, mais aussi quelques jours après un passage télévisé ambigu d’Edouard Baer, très commenté sur les réseaux sociaux.

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Le comédien était invité le 12 mai dernier à promouvoir son spectacle-meeting Ma candidature, qui se joue toujours au Théâtre Antoine, dans le 10ème arrondissement de Paris, sur le plateau de 20h30 le dimanche, l'émission de Laurent Delahousse. Le présentateur chevronné a profité de cette occasion pour demander à son hôte son avis sur la vague d’accusation #MeToo et l’idée que “les hommes [...] n’expriment pas une sorte de mea culpa”. Edouard Baer répond, visiblement troublé par la question : 

“Vous vous rendez compte qu’il y a douze sujets en un, là, il y a douze prises de paroles différentes, il y a des scandales. Tout est différent. Il y a des saloperies, il y a des malentendus… Je pense que c’est les médias qui réunissent tout ça dans une grande cause d’époque. Il y a une histoire personnelle différente pour chacune.”

Il poursuit, sur la théorie d’un “climat de suspicion terrible” sur laquelle l’interroge Laurent Delahousse :

“Oui, c’est terrible, parce que tout est lié. Le fait de ne plus passer par les tribunaux ferait que toute parole serait bonne à dire, à répondre. Et puis des gens qui se sont montrés, des acteurs, des hommes politiques, c’est trop tentant aujourd’hui. Avant, la parole des hommes était dominante et, aujourd'hui, il y a une sorte d'inversion avant qu’il y ait rééquilibrage.”

Rappelons qu’Edouard Baer, acteur, producteur, animateur et metteur en scène de cinquante-sept ans, est connu pour ses rôles dans Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre, Rien sur Robert, Molière, Les Barons ou encore Mademoiselle de Joncquières.