Qu'est devenue Fran Drescher, alias Fran Fine dans la série culte des années 90 Une Nounou d'Enfer ?
Il existe de nombreux artistes qui connaissent un immense succès pendant une courte période. Ce succès peut se caractériser par exemple par quelques films qui ont triomphé à une certaine époque, une couverture médiatique énorme à un moment donné, ou un Oscar de la meilleure actrice pour un rôle isolé. Et puis soudain, plus rien (ou presque), ces artistes tombent subitement dans l'oubli et l'anonymat aussi vite qu'ils ont attiré la lumière. Ils disparaissent de l'écran radar sans rien laisser d'autres que des souvenirs plein la tête, des souvenirs nostalgiques de cinéphiles et de fans de séries télé. Parfois dû à un retrait choisi, tout simplement pour changer de vie, élever des enfants, ou évoluer vers d'autres sphères. Ou à l'opposé, ce retrait peut être provoqué à cause du vieillissement, du temps qui passe, et donc, du manque d'intérêt des studios et des productions. Ces disparitions soudaines sont d'autant plus surprenantes qu'elles se développent d'une façon exponentielle avec le temps. En effet, aujourd'hui, combien de Mary Elizabeth Mastrantonio, de Meg Ryan, ou de Rebecca de Mornay presque oubliées pour une Meryl Streep toujours au sommet ? Une carrière est un travail de longue haleine, un investissement perpétuel. Et il faut compter sur une bonne dose de chance aussi. A travers cette rubrique baptisée "Mais qu'est devenu(e)... ?", nous vous proposons régulièrement de vous replonger dans une époque, une période, une filmographie, une histoire. Celle d'un comédien ou d'une actrice qui aura marqué le septième art ou le petit écran de son empreinte avant de disparaître aussi vite qu'il ou qu'elle était venu(e).
Mais qu'est devenue... Fran Drescher ?
De 1993 à 1999, Fran Drescher a prêté son prénom et son image à Fran Fine, exubérante héroïne de la sitcom à succès Une Nounou d'Enfer. Depuis, l’actrice new-yorkaise a vécu beaucoup de choses. Des mariages, un divorce, une bataille contre le cancer et un engagement pour la cause LGBT : retour sur le parcours mouvementé de la vedette des années 90, qui a fêté récemment ses 58 ans.
Francine Joy Drescher pousse son premier cri le 30 septembre 1957 à New York, dans le quartier populaire du Queens. Fille d’une organisatrice de mariage et d’un ingénieur naval, celle qui se fait appeler Fran reçoit une éducation juive, ses parents étant d’origine ashkénaze de Pologne et de Roumanie.
A l’aise sur scène et face aux objectifs, elle décroche la place de première dauphine lors du concours de Miss New York Teenager 1973. Mais la comédie l’intéresse plus que le mannequinat et avec Peter Marc Jacobsen, qu’elle a rencontré au lycée et qui deviendra son mari en 1978, elle s’inscrit au Queens College pour étudier le théâtre. Comme tous les cours sont complets, elle se rabat sur des études de cosmétologie.
Cela ne l’empêche pas de faire ses tout premiers pas face à la caméra dans la comédie musicale culte La Fièvre du Samedi Soir (1977). Si elle ne tient qu’un petit rôle, celui de la danseuse Connie, elle délivre une réplique mémorable à John Travolta : "Alors, t’es aussi bon dans un lit que sur la piste de danse ?"
Elle enchaîne avec le téléfilm L’Eté de la Peur de Wes Craven (1978), puis le film The Hollywood Knights (1980), où elle donne la réplique à Michelle Pfeiffer et Tony Danza, qu’elle retrouvera cinq ans plus tard dans la série Madame est Servie. Fran Drescher ne chôme pas au début des années 80 et elle figure notamment au générique de Ragtime de Milos Forman, de Doctor Detroit ou de Spinal Tap. Mais cela n’est pas suffisant pour permettre à la jeune femme de sortir du lot et de se faire un nom parmi les hordes d’aspirantes actrices à Hollywood.
Puisque les rôles ne viennent pas, Fran Drescher décide de l’écrire elle-même et murit avec son mari un projet de sitcom dont l’héroïne lui ressemblerait le plus possible. La chance lui sourit enfin lors d’un vol Londres-New York. Assise à côté de Jeff Sagansky, un des pontes de la chaîne CBS, l’actrice lui expose le pitch de ce qui deviendra quelques mois plus tard Une Nounou d'Enfer.
Les aventures de Fran Fine, nounou extravagante aux tailleurs flashy et à la permanente XXL issue d’un milieu populaire qui se retrouve à travailler pour la famille d’un riche producteur new-yorkais, rencontrent un franc-succès.
Héroïne, réalisatrice, productrice et scénariste de la série à succès, Fran Drescher a intégré de nombreux clins d’œil à son propre vécu. Ses parents dans la série portent les mêmes prénoms que les siens – Sylvia et Morty – et c’est son véritable père qui joue l’oncle Stanley. Comme elle, la pétulante nounou possède un accent du Queens prononcé et a étudié la cosmétique, alors que Chester, son petit chien à l’écran, est son fidèle compagnon hors-tournage. La grand-mère Yetta, personnage culte d’Une Nounou d’Enfer avec ses joggings en synthétique, son franc-parler et sa clope au bec, est directement inspirée de sa propre arrière-grand-mère, également baptisée Yetta.
1999 est une année difficile pour Fran Drescher. Alors que l’ultime épisode d’Une Nounou d'Enfer est diffusé, Peter Marc Jacobsen lui annonce qu’il est gay après 21 ans de mariage. L’actrice reste très proche de celui qui est aussi son associé, puisqu’il a co-produit et co-réalisé avec elle la sitcom, nommée à une dizaine de reprises aux Emmy Awards.
Un an plus tard, on lui diagnostique un cancer de l’utérus. Elle subit une ablation de l’organe en urgence le 21 juin 2000. Battante à la télévision comme à la ville, Fran Drescher se sert de son expérience pour attirer l’attention sur les symptômes précoces du cancer et en fait un livre, Cancer Schmancer.
Dans cet ouvrage, elle affirme : "Toute ma vie, j’ai transformé le négatif en positif". C’est ainsi qu’elle a choisi de révéler, des décennies plus tard, qu’elle avait été violée en 1985 sous le regard impuissant de son mari par des agresseurs qui s’étaient introduits dans leur appartement.
Forte des épreuves qu’elle a surmontées, l’actrice milite désormais activement pour les deux causes qui lui sont les plus chères : les droits des personnes gays, lesbiennes, bisexuelles ou transgenres et la lutte contre les cancers féminins.
Celle qui a toujours aimé s’inspirer de son vécu pour faire rire revient à la télévision avec deux projets, qui ne rencontrent pas autant de succès qu’Une Nounou d'Enfer, Living with Fran (2005) et Happily Divorced (2011). Cette dernière raconte l’histoire de Fran, qui apprend au bout de 18 ans que son mari Peter est en réalité homosexuel. Difficile de faire plus autobiographique.
Si elle double Eunice, la femme de Frankenstein dans Hotel Transylvanie ainsi que dans la suite, actuellement en salles, c’est surtout à Broadway qu’elle fait ses preuves depuis 2013. Dans la comédie musicale Cinderella, elle tient pour la première fois un rôle antipathique puisqu’elle campe la marâtre.
Et depuis 2014, Fran Drescher est à nouveau une femme mariée : elle a épousé Shiva Ayyadurai, un des inventeurs de l’e-mail.
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