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"J’ai perdu tout le respect que j’avais pour lui, j’étais énormément déçu."

Kevin Spacey est accusé de plusieurs accusations d’agressions sexuelles ces jours-ci. Pendant ce temps, Jon Bernthal fait le tour des médias pour présenter The Punisher, qui arrivera sur Netflix le 17 novembre. Deux choses qui n’ont a priori rien à voir… à part que les deux acteurs ont joué ensemble dans Baby Driver, le film de casse musical d’Edgar Wright sorti l’été dernier. Un joli succès pour le réalisateur, qui était cependant difficile à tourner, révèle Bernthal à la radio, au sein de l’émission The Jim and Sam Show, sur Sirius XM. Il évoque un "comportement de brute" de la part de Spacey sur le plateau envers des membres masculins de l’équipe. Sans préciser de cas précis, il confirme avoir été témoin d’actes agressifs de sa part.

Kevin Spacey accusé de harcèlement sexuel par huit membres de la production d'House of Cards

"Il agissait mal sur le plateau. J'ai débuté ma carrière au théâtre. Je l’avais vu jouer The Iceman Comet à Londres et j’avais beaucoup de respect pour cet acteur. A la fin du show, je me souviens m’être levé pour lui faire une standing ovation. C’est un truc qu’on ne doit pas faire souvent là-bas, car il m’avait regardé droit dans les yeux ! Bref, cette expérience a été très importante dans ma vie d’acteur : l’observer en train de jouer… c’était l’un de mes acteurs préférés. Puis je me suis retrouvé sur le plateau (de Baby Driver) avec l’opportunité de travailler avec lui. Je n’avais pas beaucoup de scènes, je n’étais pas tellement présent, je suis sans doute en mauvaise position pour juger, mais quand j’étais là, il avait un mauvais comportement. Je trouvais que c’était un brute, je n’aimais pas la manière dont il agissait avec les membres de l’équipe. Je me souviens m’être dit que s’il avait le même comportement déplacé avec des femmes, j’aurais réagi… Au final, j’étais très content d’avoir peu de scènes et de vite me barrer de ce plateau. J’ai perdu tout le respect que j’avais pour lui. Je n’ai rien vu d’aussi choquant que ce qui a filtré ensuite dans la presse, je n’ai pas réagi car mes accusations auraient paru faibles, mais j’ai perdu tout le respect que j’avais pour lui. J’étais énormément déçu. (…) Toutes ces histoires d’agressions sexuelles, c’est dur. En ce moment, tout le monde fait entendre sa voix. Ca donne de bonnes choses, mais il y a aussi des conséquences négatives. En tout cas, ça prouve que si vous agissez comme un monstre, un jour ou l’autre, ça va vous retomber sur la gu… Il est temps que les choses changent. Je ne supporte pas les brutes. Trop de gens ont été victimes de ça trop longtemps. (…) Ils avaient peur de parler et c’est normal, ils avaient une bonne raison d’avoir peur. Je crois que dans cette industrie, on doit se méfier de ceux qui veulent à tout prix attirer l’attention sur eux. J’hésitais à vous répondre quand vous m’avez parlé de Kevin Spacey, car je ne voulais pas enfoncer le clou. J’ai vu des trucs, et ça m’a affecté, oui. (…) J’ai vite compris qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas chez lui. J’ai travaillé avec des tas de gens différents qui étaient de bonnes personnes. D’habitude, quand j’admire quelqu’un pour son talent, quand je le rencontre en vrai, je l’admire alors en tant que personne. Je pense à De Niro (avec qui il a partagé l'affiche de Match Retour, ndlr), DiCaprio (Le Loup de Wall Street), Brad Pitt (Fury)… C’étaient mes héros, et je les aime encore plus depuis que j’ai travaillé avec eux. Et Scorsese, évidemment. Je pense vraiment que quand vous avez du talent, que les gens vous respectent, que vous avez confiance en ce que vous faites, que vous êtes excellent dans votre domaine, vous n’avez pas le droit de mal agir envers ceux qui ont moins de pouvoir que vous."

Son interview est disponible en vidéo, en VO, ici. Depuis le scandale, Kevin Spacey a été viré de la série House of Cards par Netflix et Ridley Scott a décidé de retourner ses scènes de Tout l'argent du monde avec un autre comédienChristopher Plummer

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