DR

J’imagine que l'idée de faire un long métrage sur Angélique est venue de Samuel ?Samuel : Il y a plusieurs genèses parce qu’on est trois. Mais c’est aussi grâce à un premier travail amorcé à trois (Forbach) qu’on s'est dit que c'était possible de poursuivre cette aventure sur un long métrage. C’est la réunion de tout ça.Claire : Samuel est venu nous trouver avec l'envie de faire un film sur sa maman, on avait eu une première expérience où on l’avait fait tourner, mais elle était un personnage secondaire dans Forbach, Samuel était le personnage principal. A la suite de ça, Samuel s’est dit c’est possible, ma famille a un potentiel et en particulier ma mère, il ne tarissait pas d’anecdotes, d’histoires, de situations, notamment ce mariage que sa mère a contracté assez tard, vers 60 ans, et qui avait marqué Samuel. Il est venu nous trouver en disant « j’ai envie de faire un film là dessus, qu’est ce que vous en pensez ? »>>> Angélique Litzenburger : "Je veux qu'on m'admire !"">>>>> Angélique Litzenburger : "Je veux qu'on m'admire !"Samuel, petit vous étiez conscient que votre mère était un phénomène de ciné ?Samuel : Non. Gamin, je l’ai plus subi que formulé comme ça ! En même temps, ce qui est bien c’est prendre du recul, se réconcilier avec cette histoire et se dire qu’il y a moyen d’en faire quelque chose de positif. C’est plus compliqué quand on a 10 ans que 20 ou 35 comme aujourd’hui. C’était aussi une façon de se retrouver, d’utiliser le cinéma pour se dire des choses, se dire à quel point on s’aime. C’est un film sur l’amour, sous toutes ses formes, la famille, le couple, l’amitié. On questionne l’amour et on le met à l’épreuve. Claire : Sur le couple, ça pose la question de l’engagement, les compromis qu’on doit faire pour vivre ensemble. Sur la famille, est-ce que l’amour qu’a une mère pour ses enfants et inversement repose sur une éducation, sur le fait qu’on a vécu ensemble, qu’on a eu des preuves d’amour ou pas. Et on répond plutôt non d’ailleurs. Il y a aussi l’importance de l’amitié et d’être en groupe.Concrètement, comment vous vous répartissez la tâche ?Claire : Angélique a tout fait, elle nous a dit comment nous placer sur le plateau, où mettre la caméra, elle nous menait à la baguette (rires). Non tous les trois, on est assez fusionnel, de l’écriture au tournage, au montage, la direction d’acteur, on a tout fait à trois. Sur le plateau on avait trois petits combos, on a fait un travail d’équilibriste pour être au plus juste, rester fidèle à Angélique, ce qu’elle était, ce qu’elle nous proposait, et en même temps il fallait tout le temps tendre vers du romanesque, de la fiction, du cinéma. Le fait d’être trois et de se renvoyer les choses en les questionnant en permanence nous permettait ça.Marie : On est fusionnel mais on a chacun une vie hein, une famille, des parcours différents, des personnalités aussi, des formations. On tenait à ne pas se laisser aller à répartir les choses en fonction des prédispositions de chacun. On a pris toutes les décisions ensemble. Dès le début, on savait qu’on avait la même vision, qu’on voulait dire la même chose. C’est notre premier film à tous les trois.Samuel : Après ça reste un savant mélange. Marie : Les rares fois où il restait un doute, comme on est trois, c’était la vraie démocratie. En fait, c’était surtout à l’équipe de s’adapter à nous. Ils nous appelaient les triplés ou le trouple. On était devenu une espèce d’entité un peu bizarre.Vous avez galéré pour convaincre Angélique de jouer son propre rôle ? Elle ne voulait pas, au début…Samuel : Ca la rassurait d’être en famille. Mais à un moment il a fallu qu’elle prenne la décision d’assumer, de s’impliquer généreusement et d’exposer sa vie. Il fallait aussi assumer l’enjeu de porter un film.Claire : Angélique est une nature très particulière. Elle n’a jamais honte. Elle ne va pas foutre sous le tapis des trucs, genre « surtout ne pas dire que j’ai bu dans ma vie, que j’étais entraîneuse, que je n’étais pas une mère modèle ». Elle dit « voilà ce que je suis ». On a pu faire le film grâce à ce courage-là. Marie : Angélique s’est abandonnée entre nos mains, elle nous a fait confiance. A nous de faire le tri entre des choses qui pouvaient la rendre touchante et d’autres qui pouvaient lui nuire. Il ne s’agissait pas de cacher ses aspérités, ni de lui servir la soupe, il fallait aussi rendre compte de ses zones d’égoïsme.Samuel : Elle est libre, elle connaît le lâcher prise, elle ne s'excuse jamais de ce qu’elle pense ou de ce qu’elle ressent. Cette liberté a presque quelque chose de monstrueux en fait si on réfléchit bien.Interview Stéphanie LamomeParty Girl de Samuel Theis, Claire Burger et Marie Amachoukeli avec Angélique Litzenburger sort aujourd'hui dans les salles Review : Party Girl, le sublime portrait d'une vieille petite filleAngélique Litzenburger : "Je veux qu'on m'admire !"