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Non seulement Roman Polanski a remporté le César du meilleur réalisateur cette année mais voilà que le classement d'Ecran Total lui décerne aussi le prix du réalisateur le mieux payé de l'année 2013 en France. Sa rémunération pour La Vénus à la fourrure s'élèverait selon leurs calculs à 1,3 million d'euros, somme qui comprend le salaire de technicien et les droits d'auteur (1 million). Son dernier film avec Mathieu Amalric et sa femme Emmanuelle Seigner n'a au final attiré que 121 751 spectateurs dans les salles. C'est d'ailleurs sur ce point qu'insiste le site : même constat qu'avec le top des comédiens les mieux payés en France, un gros cachet ne rime pas forcément avec un gros carton.Divorce entre succès et salaireNotons avant tout que le classement, réalisé à partir des données du site Cinéfinances, ne prend pas en compte d'autres ressources de revenus possibles comme un éventuel intéressement aux recettes. En deuxième place, on trouve Fabien Onteniente avec 900 000 euros touchés pour son Turf qui n'a pourtant écoulé que 382 000 tickets en début d'année dernière. Ses producteurs s'attendaient à beaucoup plus, étant donné que sa précédente comédie, Camping 2, avait attiré plus de 3 millions de spectateurs. Mais c'est justement le succès de cette comédie avec Franck Dubosc qui lui a permis d'augmenter son salaire de 360 000 euros tout en conservant le budget de 23 millions d'euros pour la réalisation (une somme élevée comprenant les cachets des acteurs Alain Chabat, Edouard Baer,  Gérard Depardieu etc). La troisième place est attribuée à Marco Bellocchio qui a touché 800 000 euros pour La belle endormie avec Isabelle Huppert, pas non plus un record au box-office. Gallienne et Dupontel loin derrièreLes derniers grands succès français sont un peu à la traîne puisque Guillaume Gallienne a touché 306 000 euros pour Les Garçons et Guillaume à Table qui a vendu plus de 2 millions de tickets et a raflé 5 César. Albert Dupontel a été exonéré de 360 000 euros pour son 9 mois ferme qui avait poussé 2 millions de curieux dans les salles et a reçu 2 César. Mais Ecran Total souligne que leur notoriété n'était pas la même avant ces films et peut-être verrons-nous une hausse de leur salaire après ces réjouissances. Quant à Abdellatif Kechiche, il a gagné 250 000 euros pour La Vie d'Adèle, palme d'Or à Cannes, 1 million de spectateurs et une réputation sulfureuse. Pierre-François Martin-Laval est aussi un bon exemple puisqu'il a obtenu 141 700 euros pour Les profs (il est 61ème du classement) qui est finalement devenu le plus gros carton français de l'année 2013 avec plus de 3 millions de sièges occupés. Et les réalisatrices ?La parité n'est pas vraiment au rendez-vous : la première femme du classement se hisse seulement à la cinquième place. Il s'agit de Valérie Lemercier qui a reçu 765 000 euros pour 100% Cachemire. Il faut attendre le quinzième échelon pour trouver la seconde femme : Danièle Thompson (450 000 euros) pour Des gens qui s'embrassentInflation et inégalitésSerge Siritzky, l'auteur de l'article, souligne une tendance à l'inflation de la production française : "Le nombre de réalisateurs se situant entre 500 000 et 1 million d'euros est passé de neuf à onze entre 2012 et 2013." (avec Michaël Youn, Jean-Pierre Jeunet ou Michel Gondry, notamment). Il parle aussi d'une "dualité de la production française", soulignant que "les 26 premiers réalisateurs du classement captent 52% du total des rémunérations". Sur les 166 films étudiés, on remarque que 15 d'entre eux (Luc Besson, Bertrand Tavernier...) ont reçu entre 300 000 et 500 000 euros et 24 répondent à une échelle de 150.000 à 300.000 euros (Guillaume Canet, Daniel Auteuil, Josiane Balasko, etc). A l'inverse, 32 longs-métrages ont offert des salaires entre 3 500 et 50 000 euros, sommes bien légères pour un travail qui prend parfois plusieurs années.  L'écart se creuse entre les réalisateurs français.Voir aussi :Le cinéma va mal en Europe mais la France résiste