Notre avis sur l'avenir d'Avatar.
Internet a, comme d'habitude, beaucoup rigolé avec l'annonce des dates de sortie des suites d'Avatar. James Cameron prévoit non pas trois mais quatre suites à Avatar qui sortiront de 2020 à 2025. Lorsque Avatar 5 sortira dans huit ans, le premier film sera donc sorti depuis seize ans. C'est le principal point d'achoppement de l'annonce. La durée, immense, qui séparera Avatar de ses suites est un peu à l'image du gouffre qui existe entre le succès incroyable du premier film et son héritage quasi inexistant sur la pop culture de notre temps. A part un parc d'attractions dont l'ouverture est prévue à Orlando pour mai prochain, rien. Avatar n'a été ni le nouveau Star Wars ni le nouveau Matrix, encore moins le nouveau Terminator. La seule esthétique qu'il a réussi à définir est celle de la 3D comme outil industriel, forçant massivement les studios à convertir (pour le pire) leurs blockbusters en 3D et les salles à se convertir au numérique et au relief. Aujourd'hui, le relief n'est plus un argument de vente, ni un événement, et seuls de rares cinéastes (Alfonso Cuarón, Ang Lee) savent utiliser le relief comme composant à part entière d'un film et non comme un moyen de rajouter trois euros au ticket de caisse. Le premier Avatar est considéré comme le film ayant rapporté le plus d'argent de tous les temps avec des recettes totales de près de 2,8 milliards de dollars. Sans tenir compte de l'inflation, bien sûr, sinon le film ne serait que troisième. C'est le corollaire de la durée entre Avatar et Avatar 2 : la suite sortira tellement longtemps après l'original que son succès au box-office est très loin d'être garanti. "Y aura-t-il encore un public pour les quatre suites d'Avatar ?" se demandait-on déjà en avril 2016.
Et pourtant. Déjà, il s'agit d'un projet de James Cameron. Celui qui a mené Titanic à des hauteurs triomphales, légendaires, alors que toute l'industrie lui prédisait un naufrage abyssal. Celui qui a, douze ans après, récidivé avec Avatar, justement. Si Cameron n'a pas forgé une légende du même acier que Terminator ou Titanic avec les amours de Jake et Neytiri sur Pandora, il a vaincu l'industrie et créé un phénomène. Contre les oracles qui voyaient dans Avatar un nouveau trou noir créé par son hubris, Cameron a vaincu. En repartant en guerre avec quatre suites d'Avatar, Cameron trouve encore un défi à sa mesure. Tant mieux si le public lui prédit un flop, comme en 1997 et comme en 2009. C'est là où le cinéaste trouve aussi sa mesure. De plus, il part avec le soutien de la 20th Century Fox. Intelligemment, les films ont été placés à Noël, piquant les créneaux de sortie de Christmas jusqu'ici squattés par les Star Wars de Disney. La Fox a aussi trois ans pour mettre le marketing d'Avatar sur le pied de guerre et exciter un public néophyte à Avatar (c'est l'idée puisque les spectateurs ciblés étaient bébés à la sortie du premier film) au même niveau qu'un Star Wars. Un accord entre la Fox et Disney n'est d'ailleurs pas à exclure, puisque le parc d'attractions Pandora est situé dans Disney World. Disney n'a daté des Star Wars que jusqu'en 2019 (l'Episode 9 sortira en décembre de cette année) et, si la boss de Lucasfilm Kathleen Kennedy prévoit des suites de Star Wars au-delà, ils pourront très bien trouver d'autres créneaux de sortie car il y a longtemps que la date en soi ne détermine pas le succès d'un film mais d'autres facteurs stratégiques plus profonds (concurrence directe, marketing). Vues les dates prévues pour les quatre films, ils semblent fonctionner par paire : Avatar 2 et 3 sortant à un an d'intervalle, puis trois ans plus tard rebelote avec Avatar 4 et 5. Chaque paire de film sera ainsi de toute évidence reliée narrativement et thématiquement.
En 2020, la Fox a également un boulevard pour fonder Avatar comme une nouvelle franchise, une fois l'Episode 9 de Star Wars aura ravagé le box-office en début d'année. Leur principale vache à lait (les films de superhéros X-Men) est en train de virer vers la télévision (Legion, New Mutants). A l'exception de Deadpool (le 2 est prévu pour 2018), la fin de Wolverine dans Logan cette année et le futur X-film (Dark Phoenix) en 2018 montrent que le studio a tout intérêt à miser sur Avatar et ses suites. Côté concurrence, en 2020, donc, Fast & Furious 10 -le dernier prévu par Universal pour l'instant- sortira en avril et c'est la seule sortie importante pour l'instant si l'on excepte la fournée habituelle de superfilms Marvel (trois films datés, en mai, juillet et novembre), DC (un en juillet), plus le Godzilla VS Kong de Warner (mai) et deux Pixar (mars et juin). Le parc d'attractions ne sera que la première étape du plan marketing. 2020, ce n'est pas si loin : le triomphe d'Avatar 2 et de ses suites pourrait bien ne pas être de la science-fiction.
Commentaires