Les Aventures du Baron de Münchausen de Terry Gilliam
Columbia Pictures

Le film de Terry Gilliam, sorti en 1989, est à l’honneur ce soir de « Place au cinéma », présenté par Dominique Besnehard, sur France 5.

Un récit épique souvent adapté au cinéma

Les Aventures du baron de Münchausen met en scène un vieil homme qui, au 18ème siècle, en plein milieu d’une pièce de théâtre retraçant l’épopée de ce fameux baron, interrompt la représentation, clamant être celui- ci et cherchant dès lors à rétablir une vérité qu’il juge déformée. C’est aussi et surtout le très attendu film d’après Brazil de Terry Gilliam qui a pour héros un officier allemand à la solde de l’armée russe ayant réellement existé (il est mort à 76 ans le 22 février 1797) et dont le récit romancé de ses exploits par les auteurs Rudolf Erich Raspe et Gottfried August Bürger en a fait un des héros les plus populaires de la littérature allemande. A la manière de ce qui a pu se produire avec Cyrano de Bergerac en France. Avant Gilliam, Georges Méliès fut le premier à porter ces aventures sur grand écran en 1911, suivi par l’allemand Josef Von Baky en 1943, le tchèque Karel Zeman avec Le Baron de Crac en 1962 et Jean Image avec deux longs métrages d’animation en 1978 et 1984 : Les Aventures du baron de Münchausen et Le Secret des Sélénites. Et l’idée est venue à Gilliam d’en livrer sa version après que son producteur Ray Cooper lui a offert un exemplaire du livre de Raspe (Baron Munchausen’s narrative of his Marvelous Travels and campagns in Russia) illustré par Gustave Doré. Quelques jours après, il en débutait l’adaptation, excité par ce qu’il allait pouvoir raconter à travers ce récit épique : la destruction de l’imagination par la bureaucratie. Un sujet qui le passionne.

Une aventure mouvementée

En se lançant dans ce projet, Gilliam n’avait alors aucune idée de la succession de galères auxquelles il allait être confronté. Tout a commencé avec un casting un peu mouvementé où, un temps Marlon Brando est envisagé pour un rôle qui sera tenu par Oliver Reed et où Peter O’Toole, le héros de Lawrence d’Arabie était son premier choix pour camper le rôle- titre avant qu’il n’opte pour John Neville, acteur de théâtre qui n’avait plus joué pour le cinéma depuis près de 30 ans. Mais le pire était à venir. Prévu pour 23,5 millions de dollars, le budget va s’envoler jusqu’à plus de 46 millions. La faute à une grève aérienne qui retarde le début du tournage en empêchant les costumes d’arriver en temps et en heure. Ou encore à une série d’erreurs coûteuses de l’équipe déco qui, ayant oublié de faire venir des canons, a décidé à la dernière minute d’en faire construire… des vrais pour une somme astronomique. Le dépassement est tel que le tournage s’arrête et que les producteurs, via la société d’assurance qu’ils ont mandatée, tentent même de saisir les biens de Terry Gilliam pour se rembourser. Et quand tout reprend, des coupes drastiques obligent à modifier de fond en comble certaines scènes qui, alors qu’elles devaient réunir des milliers de figurants, se transforment souvent en face- à- face ! Face à de telles sommes astronomiques dépensées, le seul salut aurait pu venir des entrées en salles. Avec seulement 8 millions de dollars de recettes mondiales, la messe était dite, confirmée par un zéro pointé aux Oscars où il n’était nommé que dans des catégories techniques (décor, costumes, maquillages, effets visuels). Ce premier échec de sa carrière sera pour lui comme le sparadrap du Capitaine Haddock. Il ne retrouvera jamais la confiance des producteurs avec une réputation d’ingérable qui lui colle depuis à la peau

Le premier rôle marquant de Sarah Polley

Avec ce film, Terry Gilliam offre son premier rôle marquant à une toute jeune actrice de 9 ans qui tourne depuis déjà trois dans son Canada natal : Sarah Polley. L’expérience ne fut pas de tout repos, la comédienne se sentant plusieurs fois en danger physiquement et émotionnellement face à une impréparation des effets pyrotechniques et autres cascades. En 2005, elle couchera même ce souvenir douloureux dans un article pour le Toronto Star, expliquant que cela l’a dégoûtée et éloignée à jamais de tout blockbuster, tout en insistant sur le fait que Gilliam avait été adorable avec elle. Ce dernier lui a présenté ses excuses, lui assurant qu’il n’avait jamais vu le sentiment de panique que cette aventure avait pu engendrer chez elle.