L’un des films- culte de Steve McQueen est à l’honneur ce soir de « Place au cinéma » sur France 5, présenté par Dominique Besnehard
Un héros inspiré par un personnage réel
Sorti en 1968, Bullitt raconte 48 heures de la vie d’un flic rebelle de San Francisco tentant de dénouer les fils d’une ténébreuse affaire entre les intimidations d’un policier ambitieux et la menace pressante de gangsters dangereux. Les scénaristes Alan R. Trustman (L’Affaire Thomas Crown) et Harry Kleiner (Le Mans) portent ici à l’écran Un silence de mort, un roman de Robert L. Pike paru dans la collection Série Noire 1963. Mais le personnage de Franck Bullitt trouve, lui, son inspiration dans un personnage bel et bien réel. L’Inspecteur Dave Toschi, l’homme en charge de retrouver le célèbre et insaisissable tueur du Zodiaque, affaire toujours irrésolue près de 55 ans après les premiers meurtres. Toschi qui fut incarné à l’écran par Mark Ruffalo dans le Zodiac de David Fincher (projet sur lequel il travailla d’ailleurs comme conseiller). Et qui inspirera aussi le personnage de L’Inspecteur Harry à ses co- scénaristes Harry Julian et Rita M. Fink. Pour se glisser dans la peau de Bullitt, Steve McQueen exigea d’avoir les mêmes costumes et les mêmes armes que Toschi. Le goût du détail jusqu’à la perfection.
Un réalisateur têtu et une star intraitable
Producteur exécutif du film en collaboration avec la Warner, Steve McQueen a pu choisir le réalisateur qui allait mettre en scène Bullitt. Et il opte pour le britannique Peter Yates qui l’a épaté par sa mise en images d’une spectaculaire course- poursuite au cœur des rues de Londres dans Trois milliards d’un coup un an plus tôt. Mais s’il s’aventure pour la première fois dans la souricière hollywoodienne, Yates ne va pas pour autant se laisser marcher sur les pieds. Et il fixe d’emblée es conditions pour signer son contrat. Et ce sur deux points non négociables à ses yeux : des modifications profondes du scénario et un tournage en décors naturels. La Warner tique et n’entend pas céder. Et c’est Steve McQueen qui va se montrer décisif dans ce bras de fer en soutenant mordicus Peter Yates. A l’issue du tournage, la Warner, furieuse, qui devait collaborer pour cinq autres films avec le comédien choisira de déchirer ce contrat.
Une scène mythique
Outre l’inoubliable B.O. de Lalo Schifrin, Bullitt est passé à la postérité pour son haletante scène de course- poursuite automobile dans les rues de Chicago. Une scène de 10 minutes et 53 secondes qui a renversé tous les canons du genre. Trois semaines des douze sur lesquelles s’est étalé son tournage ont été consacrées à cette seule séquence d’un réalisme renversant car filmée en temps réel, faisant fi donc des techniques d’accélération des images régulièrement utilisées généralement par le cinéma dans ce type de scène. Steve McQueen s’est donc retrouvé à conduire sa Ford Mustang à 160 km/h dans les rues de San Francisco. Il tenait à assurer lui- même cette séquence, en souvenir du moment terriblement embarrassant où il avait dû avouer qu’il avait été remplacé par un cascadeur dans la scène en moto spectaculaire de La Grande évasion. Mais il ne put le faire à 100%. Après un accident lors d’une prise où il avait perdu le contrôle de sa voiture, sa femme Neile Adams a supplié – dans son dos – Peter Yates d’utiliser un cascadeur à sa place. Et pas n’importe lequel. L’un des maîtres du genre Bud Ekins, déjà à l’œuvre sur La Grande évasion. En le découvrant sur le plateau, McQueen fut hors de lui… mais ne put rien y faire. Et on peut s’en apercevoir en regardant en détail cette course- poursuite à l’écran. Quand le visage de McQueen apparaît dans le rétroviseur de la Mustang, il est évidemment au volant. Dès lors que c’est Ekins, il n’y a plus de plan sur le rétroviseur.
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