Megan Northam (Salade Grecque) se radicalise.
C'est chez Grand Huit Films, petit laboratoire indé à qui l'on devait déjà Disco Boy (2023), et le succès cannois Les Fantômes (2024), qu'a vu le jour Rabia, le premier long-métrage de Mareike Engelhart. Rien dans ses court-métrages n'avait annoncé un sujet tel que l'exil vers la Syrie de ressortissantes européennes destinées à épouser des djihadistes. Mais c'était sans compter sur l'expertise de deux comédiennes de taille : Lubna Azabal, vue dans Le Bleu du caftan (2022) et Meghan Northam, la révélation de Salade Grecque, la série dérivée de L'Auberge espagnole.
Le thriller tricolore a fait le plein de tapis rouges, présenté en compétition au Festival du film Francophone d'Angoulême et primé à Deauville, juste à temps pour sa sortie en décembre. Derrière un propos qui fera sans doute consensus, semble se cacher aussi deux grand portraits de femmes.
Dans cette première bande-annonce qui tient d'abord à poser son cadre géographique, à Raqqa en Syrie, dans des images quasi documentaires, l'argument est vite posé du film documenté, entre thriller psychologique et reconstitution minutieuse des conditions de vie dans un "madafa", ces maison disciplinaire tenues par des femmes et enfermant des femmes, avant leur mariage par assignation avec des membres de Daech. Soutenu entre autres par Eurimages, le film propose un regard sur la domination de femmes par des femmes au sein de l'organisation-État islamique.
Les premières images prometteuses annoncent donc un regard précis et méthodique, que Première avait déjà pu apprécier à Angoulême, sur une figure de la radicalisation dans l'État islamique, Malika El-Aroud, surnommée la Veuve Noire du djihad.
Ce face-à-face en milieu disciplinaire s'engage donc sur l'angle sociologique de la radicalisation au féminin, reprenant par là la maîtrise des Fantômes, qui avait convaincu à Cannes et dans les salles obscures cet été sur un angle tout aussi introspectif. Mais il promet aussi, on l'espère, un grand pas de deux entre une actrice confirmée, Lubna Azabal, qui pourrait s'illustrer à travers la psychologie d'une despote domestique, et surtout Meghan Northam, jeune première inspirée qui a déjà eu les épaules pour un Klapisch et deux indés français enchanteurs... et tout ça en 2024 !
"Lubna Azabal ne me lâche pas depuis Incendies. La profondeur de son regard, la distance qu’elle instaure par son jeu, l'autorité, le mystère qu’elle dégage malgré la douceur de son physique. Je ne voyais qu’elle pour le rôle de Madame. Elle connaissait l’histoire de 'Oum Adam' qu’elle suit depuis des années et qui la fascine autant que moi."
Avec une telle description de son actrice par Mareike Hengelhart, on espère que le binôme saura être à la hauteur de la détonation du drame de Villeneuve ! Réponse en salles le 4 décembre.
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