Mandibules, Slalom, L'Etreinte: les nouveautés du 19 mai 2021 en salles
Memento, Jour2Fête, Pyramide

Ce qu’il faut voir pour la réouverture des salles le 19 mai

L’ÉVÉNEMENT

MANDIBULES ★☆☆☆☆
De Quentin Dupieux

L’essentiel
Un pitch hilarant porté par le duo du Palmashow. Sauf qu’à force de se répéter, la mécanique Dupieux finit par s’user et lasser

Les pitchs des films de Quentin Dupieux ont l’habitude d’être diablement efficaces et développés de façon resserrée. Mandibules n’échappe pas à la règle. 77 minutes, pour l’histoire de deux amis bas de plafond qui, après avoir trouvé une mouche géante dans le coffre d’une voiture qu’ils ont volée, se mettent en tête de la dresser pour gagner de l’argent. Mais la déception est à la hauteur de l’attente. Certes Mandibules est rempli de trouvailles à l’absurdité réjouissante. Et Grégoire Ludig et David Marsais trouvent le ton juste pour incarner ces Dumb and Dumber made in France. Mais une fois la base du récit posé, Mandibules avance en effet dans un faux rythme qui flirte avec de la fainéantise à cause d’un air de (trop) déjà vu à l’intérieur même de son cinéma. La machine Dupieux est si bien huilée qu’elle ronronne.  Vivement qu’il passe enfin la deuxième.

Thierry Cheze

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PREMIÈRE A ADORÉ

ON- GAKU, NOTRE ROCK ★★★★☆
De Kenji Iwaisawa

Trois lycéens lunaires préfèrent monter un groupe de rock que de suivre la voie de la castagne. Ils n'y connaissent rien : c'est une épiphanie. Mais les punks du lycée d'en face ne comptent pas en rester là. Adapté d'une bande dessinée au style très dépouillé de Hiroyuki Ohashi, On-Gaku prend totalement à revers le sérieux du style shônen des « lycéens bagarreurs » (comme Crows ou Worst) pour livrer un exercice de style à la Takeshi Kitano. Humour à froid, répliques hilarantes et épure du style, voilà du très bon son. En l'absence de nouvelles concrètes du réalisateur de Hana-Bi (il paraît qu'on va adapter ses mémoires sur Netflix), On-Gaku ressemble à un petit album indé fracassant et indispensable qu'on a déjà envie de se repasser en boucle. Et de faire découvrir à la Terre entière.

Sylvestre Picard

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PREMIÈRE A AIMÉ

L’ETREINTE ★★★☆☆
De Ludovic Bergery
Voilà 9 ans qu’Emmanuelle Béart n’avait pas tenu de grand rôle au cinéma. Et puis Ludovic Bergery est arrivé. Avec un film sur un personnage, elle aussi à un moment crucial de sa vie : mariée jeune avec un homme plus âgé, avec qui elle n’avait plus de relation charnelle depuis longtemps et qui vient de mourir. La voilà donc confrontée au deuil tout comme à une certaine liberté retrouvée. Mais redonner vie à son désir et réapprendre à désirer l’autre n’a rien d’un long fleuve tranquille. Bergery le raconte dans un parfait mélange de pudeur et de crudité, d’humour et de tristesse. Un saisissant portrait de femme debout, vivant une nouvelle adolescence mais chargée d’un passé qui pèse des tonnes. Emmanuelle Béart y maîtrise son sujet dans ses moindres fêlures. Voir une comédienne s’abandonner à ce point émotionnellement et physiquement sans jamais perdre le contrôle se révèle fascinant.

Thierry Cheze

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SLALOM ★★★☆☆
De Charlène Favier

Liz a 15 ans, une mère peu présente, un père aux abonnés absents et un rêve dont elle ne s’est jamais sentie aussi proche – devenir une championne de ski – en accédant à une formation sport- études privée dirigée par un entraîneur rude et cassant mais qui a vite repéré le potentiel de l’adolescente. Slalom pourrait donc être l’histoire d’une success- story vers une collection de médailles. Mais ce premier long métrage de Charlène Favier se révèle avant tout une descente aux enfers étouffante. Car Liz est tombée sous la coupe de cet entraîneur qui va franchir la limite de son intimité… en faisant fi d’un non- consentement qu’il paraît ne jamais voir. Slalom est un film majeur sur l’emprise parce qu’il ne tombe jamais dans l’écueil du manichéisme. La maîtrise du récit comme de la mise en scène est ici impressionnante. Et le choix du casting – Jérémie Rénier et Noée Abita – aussi juste que ce que ces comédiens font de leurs rôles.

Thierry Cheze

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ECOLIERS ★★★☆☆
De Bruno Romy
Que se passe t’il derrière les murs d’une école ? Bruno Romy a réalisé le fantasme de beaucoup de parents : équiper de micros la salle du CM2 où est scolarisée sa fille et s’y glisser seul avec sa caméra pour filmer le quotidien du maître et de ses élèves. Le geste n’est certes pas novateur, Nicolas Nicolas Philibert (Être et avoir) ou Claire Simon (Récréations) s’y sont essayés brillamment avant lui. Mais la magie opère. D’abord par le talent de Romy à faire oublier sa caméra et saisir des moments de vie, des propos (in situ ou face caméra dans des entretiens) savoureux. Mais aussi par sa capacité à mettre en scène ce petit monde dans des intermèdes façon mini- films muets avec une poésie burlesque qui, loin de dénaturer l’aspect sur le vif de l’ensemble, le complète pour raconter au final une certaine insouciance de l’enfance. Comme une parenthèse enchantée.

Thierry Cheze

 

PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIMÉ

FALLING ★★☆☆☆
De Viggo Mortensen
Un vieil homme amer et acariâtre (Lance Henriksen) vient séjourner chez son fils (Viggo Mortensen), en Californie. Le rejeton représente tout ce que le paternel déteste : il est gay, démocrate, marié à un homme d’origine asiatique, père d’une petite fille adoptée, heureux membre d’une famille moderne et tolérante… Le vieillard va alors passer ses journées à insulter sa progéniture, à l’agonir de remarques racistes ou homophobes. La réaction du fils ? Garder son calme, ne jamais céder à la colère… On verra aisément dans Falling une parabole de la vie de ces Américains de gauche qui ont dû tenter de rester stoïques face au torrent d’ignominies qu’ils subissent quotidiennement pendant la présidence Trump. C’est un pays malade de son machisme et de son virilisme que Viggo Mortensen interroge dans son premier film en tant que réalisateur. La métaphore est maligne et la performance du revenant Lance Henriksen (dans un rôle de vieux connard à la Bruce Dern) très puissante, pourtant l’émotion est étouffée par un dispositif trop théâtral et une mécanique de récit extrêmement monotone (une engueulade, un flashback, répété ad lib.), qui échoue à créer un crescendo dramatique. A noter, pour les cinéphiles maniaques, une belle utilisation d’un extrait de La Rivière rouge, et un caméo de l’ami David Cronenberg (en proctologue !). Manière de rappeler que l’histoire de l’Amérique est, encore et toujours, « a history of violence ». Celle que les pères transmettent aux fils. Falling exprime (un peu trop sagement) l’espoir que cette histoire- là prenne un jour fin.

Frédéric Foubert

 

LE DERNIER VOYAGE ★★☆☆☆
De Romain Quirot

Pour son premier long, Romain Quirot a choisi de prolonger son court Le Dernier Voyage de l'Enigmatique Paul W.R, multi- primé en festivals en 2014. Et retrouve donc son héros, Paul W.R., ancien astronaute au passé mystérieux qui, alors qu’une non moins mystérieuse lune rouge fonce droit sur notre bonne vieille Terre aux ressources naturelles épuisées et qu’il apparaît comme le seul capable de la détruire, décide de refuser d’accomplir cette mission et de disparaître. Une fuite qu’il accomplira en compagnie d’une ado au caractère bien trempé croisée sur son chemin. Trop peu de cinéastes françaises osent s’aventurer sur le terrain de la SF pour ne pas saluer le geste de ce passionné du genre qui, en dépit des moyens forcément réduits, n’offre pas un spectacle au rabais, que ce soit en termes de mise en scène ou d’effets spéciaux. On ne peut pas en dire autant hélas de la direction d’acteurs plutôt hasardeuse enfermant un peu trop les comédiens vers des archétypes (le taiseux, le flippant…), d’un scénario qui a tendance à multiplier les situations convenues et par là- même dénuées de surprises et du jeu aves les références. En mêlant ambiances de road movie post apocalyptique, westerns et engins volants, Le Dernier Voyage ressemble un peu trop à un catalogue de citations, de Mad Max aux films de Besson (du Dernier combat à Léon, avec le clin d’œil de la présence de Jean Reno en plus) en passant par Intestellar ou Blade runner. Et à force de vouloir tout mettre comme si ce premier film pouvait aussi être le dernier, celui- ci finit par étouffer sous les références et peine à trouver sa singularité. Sans pour autant gâcher le plaisir.

Thierry Cheze

 

Et aussi
Demon Slayer- Kimetsu No Yaiba- Le film : Le Train de l’infini, de Haruo Sotozaki

Envole- moi, de Christophe Barratier

Faustine, apôtre de la miséricorde, de Micha Kondrat

StarDog et TurboCat, de Ben Smith

Tom & Jerry de Tim Story

 

Reprises
Dirty dancing, de Emile Ardolino

Pas de printemps pour Marnie, de Alfred Hitchcock

Qui chante là- bas ?, de Slobodan Sijan

The Wicker man, de Robin Hardy